La Grand Mare, un quartier populaire de Rouen, vient d'être endeuillé une fois de plus par la mort de deux enfants. Ceux-ci ont péri dans l'incendie d'un immeuble et personne n'ose parler de fatalité. La colère est grande car cet incendie vient après d'autres. Et d'autres suivront, si des familles continuent d'habiter des appartements qui peuvent brûler en quelques instants comme des boîtes d'allumettes.

Il s'agit d'immeubles, dits « Verre et Acier », construits entre 1968 et 1970 par l'architecte Marcel Lods, un architecte de renom, ce qui vaut à ces constructions d'être classées au titre des monuments historiques. Mais cette technique s'est avérée très vite dangereuse. Lors d'un incendie, ils brûlent rapidement : en vingt-cinq ans il y a eu ainsi onze morts. À la suite de divers accidents, la municipalité avait choisi de laisser inoccupée une partie de ces immeubles dont elle demandait la démolition. Mais une autre partie de ces bâtiments avait été rachetée par la société privée de HLM Immobilière Basse-Seine (IBS), qui a fait quelques travaux de réhabilitation à moindre coût avant d'y loger des familles pauvres.

C'est là qu'il y a eu trois incendies, en mars 2009, en mars 2011 où un enfant est mort, et donc le 20 juillet dernier avec deux morts. Les habitants du quartier ont spontanément manifesté le jour même : « Ras le bol de vivre dans des boîtes d'allumettes », « Non aux cercueils à 500 euros par mois », ont-ils crié.

Jusqu'à maintenant, le préfet avait refusé la démolition des immeubles inoccupés, car ils ont été inscrits à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques par l'actuel ministre de la Culture. Devant l'insistance de la municipalité, la démolition vient d'être décidée. Mais pour les immeubles toujours occupés, la société IBS veut poursuivre la location.

Vendredi 22 juillet, les habitants ont manifesté à l'occasion d'une réunion organisée à la mairie de Rouen. Ils restent mobilisés et continuent à demander le relogement de tous les locataires des immeuble Verre et Acier.