Entre le redressement de l'impôt sur le revenu de 2006 et 2007 et celui de l'impôt de solidarité sur la fortune, l'ISF, de 2004 à 2007, Liliane Bettencourt devrait au moins 30 millions d'euros aux impôts, selon l'hebdomadaire Marianne. Sa vérification terminée, le fisc lui réclamera sans doute encore quelque 20 millions.

Petit conseil aux contribuables : pour économiser ces 30 millions d'euros, soit plus de 2 300 années de salaire net d'un smicard, il suffit de disposer, dans quatre banques suisses, de comptes bancaires domiciliés par exemple à Singapour et au Liechtenstein ; de sous-évaluer de quelques dizaines de millions son île aux Seychelles, sa bicoque de 25 pièces à l'Arcouest face à l'île de Bréhat, sa cabane à Majorque, son logement personnel à Neuilly et cet autre loué dans le 17e arrondissement de Paris. On peut aussi bénéficier des conseils avisés d'un ex-ministre du Budget, d'une certaine complaisance des gouvernements successifs et de l'administration fiscale... Évidemment, ça ne peut pas nuire non plus d'être la troisième fortune de France, totalisant 17,5 milliards d'euros.

De plus, Mme Bettencourt est loin d'être la seule à agir ainsi : selon la Cour des comptes, les entreprises ont dissimulé au fisc 172 milliards d'euros, soit un peu plus que les 150 milliards de déficit annuel du budget de l'État.

Cette pauvre vieille dame riche peut néanmoins se rassurer : avec la baisse du taux de l'ISF (divisé par trois dès 2011), et la persistance du bouclier fiscal sur les revenus 2011, elle ne paiera alors, à revenus et patrimoine constants, et même en déclarant tout, que 4 % de ses revenus... comme un salarié à 1 300 euros net par mois.