Montupet - Fonderies du Poitou Alu Ingrandes (Vienne) : Les patrons ont déclaré la guerre - Les travailleurs vont se défendre !27/07/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/07/une2243.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Montupet - Fonderies du Poitou Alu Ingrandes (Vienne) : Les patrons ont déclaré la guerre - Les travailleurs vont se défendre !

Cela faisait des mois, depuis la reprise des Fonderies par Montupet en janvier 2010 en fait, que les patrons étaient à l'offensive, multipliant les provocations contre les délégués, sanctionnant à tout propos, exerçant une pression de plus en plus insupportable pour aggraver l'exploitation. S'ils n'étaient pas allés -- contrairement à ce que nous écrivions dans Lutte Ouvrière du 22 juillet -- jusqu'à imposer la modulation des horaires, il en était effectivement question.

Le 13 juillet, à la fin d'une réunion de comité d'entreprise, la direction avait incidemment annoncé sa volonté de mettre en oeuvre dès le début septembre un plan de « compétitivité », dont la principale mesure consistait à baisser les salaires de 15 %. Le choc avait évidemment été rude, entraînant des débrayages suivis à 100 % dans toutes les équipes de production les 15 et 16 juillet. Lors d'un nouveau débrayage, le vendredi 22, les travailleurs ont décidé de se mettre en grève totale et de se retrouver tous en horaire de « normale » lundi 25 juillet, jour où se tenait une réunion du comité d'entreprise à l'occasion de laquelle les patrons devaient préciser leurs intentions.

Lundi 25, les représentants de l'intersyndicale ont exprimé ce refus unanime du plan patronal, refus qu'avait déjà exprimé une pétition de plus de 400 signatures (pour un effectif de 474 salariés). La direction, elle, a confirmé son plan inique. Ces hauts cadres bien payés, représentants de patrons et d'actionnaires richissimes auxquels la fortune est arrivée sans qu'ils fournissent le moindre effort, ont confirmé sans frémir leur intention de baisser les salaires. Comme si le travail de fonderie ne justifiait pas les payes ! Comme si les salaires n'étaient pas déjà insuffisants ! Et comme si Montupet, ses prédécesseurs et ses semblables n'avaient pas fait et ne continuaient pas à faire de juteux profits sur le dos des travailleurs !

Les patrons entendent donc baisser le salaire de base des travailleurs de production de 15 %. Mais l'attaque va au-delà : alors que l'horaire hebdomadaire est de 38 h 30, il passerait à 35 heures, payées 35 évidemment. La grille des salaires, actuellement un peu plus favorable que le régime général, serait remise en cause.

Le deuxième collège n'est pas épargné, puisque le projet patronal prévoit la suppression de 14 jours de RTT, et le blocage des salaires pendant trois ans. Enfin, en ce qui concerne les structures non directement productives, elles devraient fournir une cinquantaine de salariés issus de tous services et appartenant aux trois collèges, qui seraient mis à la disposition des divers sites du groupe.

Même si la couleur était déjà connue, l'annonce du plan patronal a tout de même fait l'effet d'un coup de massue, chacun évoquant les difficultés auxquelles il est confronté : les enfants encore à l'école, les traites à payer, le salaire unique pour faire vivre la famille, etc. Mais il y avait de la colère aussi, contre ces patrons qui veulent nous pressurer davantage, pour ensuite spéculer, quitte à mettre l'économie tout entière en faillite. On évoquait la Grèce, et puis aussi toutes ces entreprises où l'acceptation des sacrifices n'a en rien permis de sauvegarder les emplois.

La décision de la direction de n'envoyer que fin septembre (pour une application fin octobre) les lettres individuelles auxquelles chacun devra répondre pour accepter ou refuser la baisse des salaires, alors qu'elle avait laissé entendre que tout devrait être bouclé avant le 1er septembre, a elle aussi été commentée. Les patrons ont-ils hésité devant les premières réactions ? Pensent-ils que, d'ici là, les travailleurs seront résignés à l'idée de trimer plus dur encore pour un salaire lourdement amputé ?

Puisque les échéances -- du moins en ce qui concerne la baisse de 15 % des salaires -- sont reportées à la rentrée, la reprise du travail a été votée, en décidant de se retrouver tous en grève dès la première réunion patrons-syndicats début septembre.

La crainte de se retrouver au beau milieu des congés d'été (qui commencent vendredi 29 juillet) confrontés individuellement au choix pourri d'accepter la baisse du salaire ou de la refuser en craignant le licenciement a été écartée. Mais les travailleurs entendent bien mettre à profit les semaines qui viennent pour consolider leur front collectif et faire capoter le scandaleux plan des patrons.

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