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Dans le monde
Dette américaine : Derrière les jeux politiciens, la menace d'un krach mondial
Les États-Unis risquent « un choc grave » vient de déclarer le FMI (Fonds monétaire international). En effet, vu le niveau de la dette publique des États-Unis, le Trésor américain a déclaré qu'il ne pourrait tenir ses engagements financiers que jusqu'au 2 août. Faute d'une décision des autorités relevant avant cette date le plafond autorisé d'endettement de l'État le plus riche de la planète, celui-ci ne pourra plus emprunter pour financer son budget. Et il se retrouvera en cessation de paiement.
L'Islande a connu pareille situation récemment. La Grèce en est menacée. Mais un défaut de paiement américain aurait des conséquences d'une tout autre ampleur que dans le cas des deux pays cités, étant donné le rôle de locomotives mondiales que jouent l'économie et la monnaie américaines. Si une telle situation survenait outre-Atlantique, elle déboucherait tôt ou tard sur un séisme planétaire à côté duquel la crise de 2008 ferait figure de bluette.
L'endettement public croissant des États-Unis ne date pas d'hier : il est lié à leur situation de première puissance mondiale. Depuis des décennies, l'Amérique a financé sa croissance -- ou plutôt celle des profits de ses grands groupes -- à crédit. Son État a émis de la dette, certain que ses bons du Trésor libellés en dollars trouveraient preneur auprès des autres États et des spéculateurs en quête de placements sûrs.
Ce phénomène a pris des proportions gigantesques avec la crise financière de 2008 et ses suites, l'État ayant renfloué tout son secteur financier sinistré en faisant marcher la planche à billets.
La chose a pris une tournure publique, qui a contribué à l'aggraver, quand l'endettement de l'État, qui dépasse 14 000 milliards de dollars (record mondial absolu), a pulvérisé son plafond réglementaire. Techniquement, il suffirait que le Sénat et la Chambre des représentants autorisent le gouvernement américain à relever ce plafond pour qu'il puisse continuer à s'endetter en faveur de ses capitalistes. Sur cet objectif, les deux partis de la bourgeoisie américaine, les démocrates au gouvernement et les républicains dans l'opposition, n'ont aucun désaccord. Mais à l'approche de l'élection présidentielle de 2012, leur rivalité s'avive et, depuis des mois, ils se livrent à un bras de fer sur cette question devant l'opinion.
Obama et les démocrates parlent de réduire la dette de l'État en augmentant certains impôts et en économisant 1 650 milliards de dollars de dépenses sur dix ans, notamment dans le secteur social. Ils veulent donc faire d'abord payer la dette aux plus démunis. Les républicains aussi. Mais aiguillonnés par les ultra-conservateurs du Tea Party, ils disent refuser tout nouvel impôt et exigent que l'on coupe 3 000 milliards dans les dépenses sociales. Et comme ils ont la majorité à la Chambre des représentants, ils ont réussi à empêcher tout accord depuis des mois.
Maintenant, Obama se dit prêt à passer outre au blocage républicain. Mais sur fond de spéculation débridée autour de l'endettement des États, la rivalité entre politiciens américains pour savoir comment mieux faire payer la dette publique à la population laborieuse a fini par ébranler la confiance des « marchés » dans la signature même de l'État le plus riche.
Récemment, le plus important fonds obligataire du monde, Pimco, a réduit à zéro sa détention de bons du Trésor américain, déclarant ne plus avoir confiance dans la capacité de Washington à gérer sa dette. Et ces jours-ci, les Bourses américaines ont plongé, comme le dollar par rapport au yen, au franc suisse et à l'euro, une situation mise à profit par les milieux de la finance qui spéculent sur les monnaies.
Soucieux d'éviter tout ce qui pourrait déstabiliser encore plus la planète financière, le FMI a pressé les autorités américaines de relever leur plafond d'endettement. Sinon, dit-il, il pourrait s'en suivre « un choc grave pour l'économie américaine et pour les marchés mondiaux ».
Républicains et démocrates trouveront peut-être au dernier moment un compromis. Mais le fait est que l'État le plus puissant au monde est menacé par l'envolée de sa propre dette, autrement dit par les cadeaux incalculables qu'il fait aux capitalistes américains. Et il pourrait précipiter le monde à sa suite dans une catastrophe majeure.