Côtes-d'Armor : Sous les algues, la plage...27/07/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/07/une2243.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Côtes-d'Armor : Sous les algues, la plage...

Dimanche 24 juillet et les jours suivants, de nombreux cadavres de sangliers ont été ramassés sur une plage des Côtes-d'Armor. Et ce ne sont pas les premiers cas. D'autres animaux ont déjà été trouvés morts du fait des émanations des algues vertes, qui ont aussi vraisemblablement tué deux personnes. Au 18 juillet, déjà 32 000 m3 d'algues vertes avaient été ramassées sur les plages, soit près du double de ce qui avait été ramassé en 2010 à la même période. Bref, depuis leur première apparition en 1971, les algues vertes n'ont cessé de se développer sans que cela ait pu être enrayé de quelque façon que ce soit.

Le développement de ces algues vertes est lié à l'augmentation du taux de nitrates dans les eaux des rivières et donc dans la mer. Les experts estiment qu'une dizaine d'années seraient nécessaire pour faire disparaître ce phénomène, si la pollution des eaux courantes par les nitrates était stoppée aujourd'hui.

Cette pollution est directement liée aux techniques agricoles et en particulier au développement de l'élevage intensif de porcs dans les régions bretonnes. L'épandage du lisier, très riche en nitrates, contribue directement à la prolifération des algues. Lors de sa visite en Finistère, début juin, Sarkozy a reconnu qu'il y avait un problème, avant de déclarer : « Il faut réduire le flux d'azote de façon ambitieuse, en associant les agriculteurs à ce mouvement, mais ça va prendre du temps. » Facile à dire, et surtout qui paiera ? Et qui bénéficiera des aides ?

Les techniques de traitement du lisier existent, qui permettraient de le rendre inoffensif pour l'environnement. Mais encore faudrait-il les inscrire dans les priorités et y consacrer les moyens matériels et financiers nécessaires pour que, « de façon ambitieuse », rapidement, le flux d'azote responsable des dégâts puisse diminuer. Les agriculteurs ne seraient certainement pas opposés à cela, eux qui depuis des années ont été engagés dans une production intensive de porcs dont le cours, sur les marchés agricoles, s'établit en ce moment à quelque 1,28 euro le kilo alors que le consommateur le paie au moins sept fois plus cher. Car les producteurs paysans sont eux aussi coincés par les lois du marché.

À un bout de la chaîne, on a du mal à vivre de sa production et de son travail ; à l'autre bout, certaines familles ont du mal à acheter la viande en suffisance. Et entre les deux, les trusts de l'agro-alimentaire font de l'or pendant que la nature, elle, s'étouffe sous les algues vertes. Absurde, tout cela ? Non, seulement capitaliste.

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