Syrie : Malgré la répression, une mobilisation qui continue15/06/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/06/une2237.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Syrie : Malgré la répression, une mobilisation qui continue

En ce début juin, l'armée syrienne a étendu au nord du pays une opération militaire destinée à mater la révolte de la population contre la dictature de Bachar Al-Assad. Le bilan des presque trois mois de révolte atteint maintenant 1 400 morts et 10 000 arrestations.

Dimanche 12 juin, après que des chars ont bombardé la ville de Jisr al-Choughour, des soldats sont entrés dans cette ville de 50 000 habitants située au nord-ouest de la Syrie. Comme d'habitude, le pouvoir prétend en chasser des « groupes armés » opposés au régime. En réalité, il n'y avait pas grand monde dans les rues, car la population avait déjà fui les bombardements. Selon un témoin, les forces de répression ont brûlé les récoltes avec des tirs incendiaires et tué le bétail. Dans la ville, les épiceries et supermarchés ont été pillés et les bâtiments publics dévastés.

Des milliers de personnes ont fui vers la Turquie voisine, où près de sept mille réfugiés syriens sont déjà hébergés dans des villages de tentes. Ces réfugiés expliquent avoir été témoins de dissensions au sein des troupes chargées de réprimer les habitants de Jisr Al-Choghour. Quatre chars auraient fait défection.

Un colonel syrien, Hussen Harmousch, déserteur lui aussi réfugié en Turquie, a déclaré à l'AFP que des groupes de soldats ont déserté avec lui. Ils auraient tenté de retarder l'arrivée des troupes pour permettre à la population de fuir. Ce militaire dit avoir quitté l'armée en raison des « attaques contre des civils innocents » et des consignes données à l'armée de faire taire ceux qui manifestent, même s'ils le font pacifiquement. « Je n'ai pas accepté les ordres, a-t-il expliqué. Mais j'ai vu les tanks, l'artillerie, les hélicoptères faire feu. L'armée syrienne tue des civils, et chasse les gens de leur maison. » Selon lui, d'autres officiers et soldats voudraient faire défection, mais ils ont peur des représailles contre eux et leurs familles. Ce qui n'empêche pas la dictature de dénoncer les groupes armés que seraient les manifestants qui affrontent, une branche de rameau à la main, un régime qui n'a aucun scrupule à leur tirer dessus.

Les grandes puissances, États-Unis et Europe, continuent d'être embarrassées par la situation en Syrie. Elles se sont jusqu'à présent bien accommodées du régime de Bachar Al-Assad qui, malgré les apparences, leur a rendu bien des services dans la région. Celui-ci, malgré leurs conseils de s'orienter vers un simulacre de transition démocratique, s'engage dans une répression de plus en plus violente. Mais, au cas où il s'écroulerait, les grandes puissances s'inquiètent de ce qui pourrait le remplacer, aucune alternative n'apparaissant de façon évidente.

Alors, elles en sont réduites à des déclarations platoniques de condamnation afin que, si le régime tombe, on ne puisse pas dire qu'elles l'ont soutenu jusqu'au bout. Et, s'il ne tombe pas, elles n'auront pas perdu toute possibilité de continuer de collaborer avec Assad.

En attendant, la population syrienne continue de se battre contre la dictature, quoi qu'il lui en coûte. Et c'est d'abord de cette mobilisation que peut dépendre son avenir.

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