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- Lutte ouvrière n°2237
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Cité des Tarterêts - Corbeil-Essonnes : Échauffourées et climat dégradé, un pourrissement dont la première victime est la population
Dimanche 5 juin, après l'incendie de trois voitures, la cité des Tarterêts à Corbeil-Essonnes a été le théâtre de violents affrontements entre des jeunes et les CRS. Une fillette a été gravement blessée à la tête. La mère de la victime accuse la police, dont un des tirs avec balle de caoutchouc a touché sa fille. Le ministre de l'Intérieur, Claude Guéant, a tout de suite démenti, accusant les bandes d'avoir attiré la police et les CRS dans un guet-apens et blessé l'enfant par un jet de pierre.
Le lendemain, de nouvelles échauffourées ont eu lieu. Qu'il y ait des bandes mafieuses aux Tarterêts, comme dans d'autres cités du pays, n'est un secret pour personne. Tout le monde le sait, à commencer par la police et le maire UMP, Jean-Pierre Bechter, longtemps bras droit de Serge Dassault, patron milliardaire et ancien maire de la ville. Que ces bandes trafiquent et prospèrent sur le terreau de la pauvreté et de la misère, personne ne le nie non plus. Et qu'elles empoisonnent la vie des gens, c'est une réalité que les milliers d'habitants du quartier vivent au quotidien.
Mais ces derniers n'en approuvent pas pour autant les méthodes brutales de la police. Une habitante a témoigné de la violence policière dont elle avait été victime. Non seulement elle a été touchée dans le dos par un projectile de flashball, mais elle a eu toutes les difficultés du monde à porter plainte au commissariat. Ce n'est pas la première fois que, sous prétexte de lutter contre les bandes, la police intervient ainsi dans le quartier en s'en prenant également à la population.
Tous se souviennent ici des échauffourées d'août 2010, quand la police s'était affrontée aux jeunes. Mais les violences de l'été 2009 sont sans aucun doute encore plus présentes dans la mémoire des habitants, quand les CRS ont dispersé une kermesse pacifique de quartier, à coups de gaz lacrymogènes, brutalisant femmes, vieillards et enfants. L'indignation avait alors été générale. Plusieurs centaines d'habitants avaient manifesté devant le commissariat de Corbeil et déposé plus d'une trentaine de plaintes qui n'ont jamais abouti.
Aux Tarterêts, CRS et policiers multiplient les vexations, les brimades contre les jeunes, les contrôles au faciès à l'égard d'une population en grande partie immigrée. Tout cela contribue à créer un sentiment d'exaspération, des enfants comme des parents d'ailleurs, qui se sentent totalement abandonnés et dont la seule réponse à leurs problèmes quotidiens prend invariablement le visage des policiers et la couleur bleu marine de leurs uniformes. D'aucuns nourrissent également un sentiment de révolte contre le mépris affiché par l'État, la Région et la majorité municipale, qui ont laissé la situation se dégrader depuis plusieurs décennies, ne tenant jamais les promesses faites, ni en matière d'emploi ni en matière de logement.
Le problème des Tarterêts ne se résume donc pas aux bagarres entre bandes de jeunes et policiers. Entre les deux, il y a des milliers de travailleurs, de salariés, de pauvres, qui survivent, s'entraident malgré les difficultés et qui ont l'impression de vivre un état de siège permanent.