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Maroc : Après le décès d'un manifestant, nouvelles manifestations contre le pouvoir
Dimanche 5 juin, comme depuis près de quatre mois, des manifestations ont eu lieu dans des villes marocaines, à l'appel des jeunes du Mouvement du 20 février.
Quelques jours avant la mise en scène que constitue la remise au roi des propositions d'une « commission consultative pour une future réforme de la Constitution », des milliers de jeunes ont fait savoir à la monarchie et à son appareil d'État tout dévoué - le makhzen - qu'ils n'étaient pas dupes et exigeaient toujours des droits démocratiques.
Les manifestations se sont tenues notamment à Casablanca, à Tanger, mais aussi à Safi où est décédé, le 2 juin, un jeune manifestant tabassé par la police lors de la précédente journée de manifestations, le 29 mai. Kamal Ammari, comme des dizaines d'autres, avait été brutalisé par les forces de répression qui, depuis début mai, intervenaient avec brutalité pour disperser des manifestations non autorisées par le pouvoir.
Alors que des témoignages ont fait état d'une pugnacité particulière des policiers, notamment en civil, à l'égard de manifestants ou journalistes suspects de sympathie à l'égard des jeunes du Mouvement du 20 février, le ministre de la Communication, Khalid Naciri, un ancien dirigeant communiste, a promis publiquement « toute la lumière » sur le décès du jeune de Safi. Il a même osé affirmer n'avoir, « en tant que pouvoirs publics, strictement aucun problème avec les jeunes du 20 février [...] qui sont nos enfants et qui sont très proches de nos préoccupations ». Mais, fait-il mine de déplorer, « ce mouvement a été littéralement pris en otage par des extrémismes [...] qui cherchent à discréditer toute l'action du gouvernement ».
Après l'annonce du décès, les manifestations du 5 juin, pourtant non autorisées (certains participants ayant même reçu des menaces), se sont cette fois déroulées sans avoir à subir la répression des forces de police. Des protestations émanant d'instances de l'Union européenne pourraient avoir inspiré au pouvoir un peu plus de retenue dans l'usage de la matraque. En tout cas, du côté des amis français hauts placés de Mohammed VI, dans les sphères politiques, affairistes ou médiatiques, c'est bien sûr toujours le silence radio sur la répression des aspirations de la population marocaine à un changement réel.