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Leur société
Loi fiscale : Cuisine parlementaire
Le projet de nouvelle loi fiscale arrive en discussion au Parlement en ce début juin. Le débat risque d'être long car le gouvernement et sa majorité cherchent la quadrature du cercle.
Il s'agit pour eux, un an avant l'élection présidentielle, d'effacer le souvenir du bouclier fiscal, sans toutefois reprendre, ni même écorner, ce cadeau fait aux plus riches lors de l'accession de Sarkozy à la présidence. Avec la crise, la politique d'économies sur les services publics, les attaques contre les travailleurs, la baisse du niveau de vie des classes populaires, ce bouclier était devenu tellement provoquant que même la clientèle de l'UMP s'en était émue. Jusqu'à contraindre Sarkozy à revenir en arrière.
La décision politique de la suppression du bouclier étant acquise, il faut maintenant passer à l'application, c'est-à-dire gommer le mot, la loi, sans supprimer la chose, qui consiste en 2,7 milliards d'euros de déductions fiscales, la plus grande partie revenant aux quelques centaines de familles les plus riches. Et c'est là que le bât blesse. Depuis plusieurs mois, chaque coterie de l'UMP propose sa petite tambouille, en jonglant sur les taux, les tranches, les niches et autres subtilités fiscales, pour faire récupérer par la baisse de l'impôt de solidarité sur la fortune ce que la suppression du bouclier ferait perdre aux milliardaires.
Toutes le font, disent-elles, au nom de l'intérêt général et chacune se bat en fait pour flatter ou servir sa clientèle particulière. Ou plutôt ses commanditaires, car on peut être certain que les quelques centaines de contribuables concernés au premier chef ont leurs relais et savent faire valoir leurs préférences en matière de loi fiscale. Les grands possédants ont leurs députés et leurs ministres comme ils ont leurs conseillers fiscaux. Et ce sont parfois les mêmes, comme l'affaire Woerth-Bettencourt l'avait amplement démontré.
Les autres députés UMP, en particulier ceux qui se permettent ces jours-ci quelques discours timides en faveur d'une plus grande justice fiscale, ne sont que le choeur, si ce n'est le décor de ce théâtre. Et le premier froncement de sourcils de Copé, de Fillon ou de Sarkozy les ramènera vite à la raison.
En discutant, des mois durant, de la meilleure façon de servir les riches, comme en prenant en trois minutes les mesures aux conséquences les plus graves pour les travailleurs, ces députés font ce qu'ils appellent leur « travail parlementaire »... au service de la classe des possédants.