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Leur société
Dix ans après le scandale de la vache folle, revoilà les farines animales
Le Conseil national de l'alimentation (CNA), à la demande du gouvernement français, vient de donner un avis favorable à la réintroduction progressive des farines animales dans l'alimentation des animaux d'élevage. Cette annonce ressemble fort à une sonde lancée pour tester la réaction de l'opinion, avant un avis en septembre prochain.
En 2000, seule la réaction des consommateurs face au scandale dit de la vache folle avait conduit à l'interdiction de ces farines animales en Europe, alors qu'elles constituaient un marché très profitable pour les trusts de l'agroalimentaire.
L'utilisation de ces farines animales s'était généralisée et avait remplacé l'alimentation traditionnelle (herbe, luzerne, colza, etc.) des vaches, des porcs et autres animaux d'élevage, dans le cadre d'une agriculture visant à une rentabilité de plus en plus élevée. Constituées à partir de carcasses de vaches et d'autres animaux, dans des conditions d'hygiène et de contrôle déplorables, ces farines avaient transmis aux animaux une maladie, l'encéphalopathie spongiforme bovine (ESB), dite aussi maladie de la vache folle, décimant des cheptels entiers. Puis la maladie est passée à l'homme, sous la forme d'une variante de la maladie de Creutzfeld-Jakob, faisant environ deux cents victimes.
Aujourd'hui, le CNA prétend que les conditions sanitaires ont changé et qu'on pourrait revenir sur l'interdiction. Les farines animales seraient, dans un premier temps, réservées à l'élevage des poissons, puis progressivement utilisées pour les animaux non ruminants comme les porcs et les volailles. L'interdiction ne serait finalement maintenue que pour les bovins. Le risque de transmission de maladies à l'homme serait alors négligeable, d'après le CNA.
On peut se montrer méfiant à l'égard d'autorités qui, à l'époque, n'avaient pas respecté les principes de précaution les plus élémentaires. La maladie était apparue dès 1986 au Royaume-Uni. Les farines, interdites en France pour les bovins en 1990, ne le furent pas pour les autres animaux, et les industriels de la filière bovine purent continuer à importer frauduleusement des farines animales, pendant dix ans, sans être sanctionnés.
Puis, quand les méfaits de ces pratiques furent publics, non seulement les trusts de l'agroalimentaire n'ont rien eu à payer, mais le gouvernement est venu à leur secours pour « rétablir la confiance » des consommateurs.
La réintroduction des farines animales aujourd'hui aurait donc pour unique raison de réduire le coût de l'alimentation des bêtes et de relancer une industrie très lucrative. La sécurité alimentaire exigerait, elle, de soumettre les capitalistes de l'agroalimentaire au contrôle non seulement d'experts, mais aussi des consommateurs, et donc de la population.