À propos des prestations sociales : Le gouvernement s'en prend aux plus modestes04/05/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/05/une-2231.gif.445x577_q85_box-0%2C15%2C162%2C225_crop_detail.png

Leur société

À propos des prestations sociales : Le gouvernement s'en prend aux plus modestes

Le gouvernement vient de lancer une opération de lutte contre la fraude aux prestations familiales et sociales dans treize départements. 142 contrôleurs, le quart des effectifs nationaux, seront mobilisés pendant quatre mois pour traquer les fraudeurs, à grand renfort d'examens de fichiers des banques, des opérateurs de téléphonie, d'EDF et en débarquant éventuellement chez l'allocataire.

Il va s'agir de faire payer le salarié qui améliorerait l'ordinaire par quelques travaux « en extra », la mère de famille qui ne serait pas aussi « seule » que voudrait le faire croire l'allocation qu'elle touche en tant que parent « isolé », le locataire qui perçoit une allocation logement considérée comme trop élevée depuis que ses revenus ont un peu augmenté. Car si les méthodes de fouine sont contestables, la cible de cette enquête l'est encore plus : il s'agit de la partie la plus modeste de la population. Des travailleurs aux petits revenus, des jeunes, des allocataires du RSA, tous ceux à qui l'administration ne se gêne pas pour réclamer sans ménagement, et souvent sans étalement, un trop-perçu de plusieurs dizaines ou centaines d'euros. À eux de payer d'abord et de faire la preuve de leur bonne foi ensuite, quand une petite modification de leur niveau de vie et la complexité des méandres administratifs les ont fait passer dans « l'illégalité ».

Roselyne Bachelot, la ministre de la Solidarité, veut ainsi récupérer 100 millions d'euros par an parce que, dit-elle, le gouvernement est « comptable de l'argent public dépensé » et que certains s'appuient sur ces fraudes « pour remettre en cause notre système social ». Difficile d'imaginer plus tartuffe !

Le gouvernement se sent-il comptable de l'argent public dépensé en pure perte pour les subventions aux patrons qui licencient ? Le leur réclame-t-il ? Quant aux employeurs qui ne paient pas leurs cotisations sociales - et plus ils sont gros, plus le montant est lourd -que leur a-t-on réclamé ? Certes, en 2009, le gouvernement s'est vanté de redressements records sur la fraude aux cotisations sociales, en progression de 70 % par rapport à 2008, atteignant 800 millions d'euros Mais, en 2007, on évaluait cette fraude patronale entre 8 et 14 milliards d'euros.

Il y a là une marge qui laisse le champ libre aux investigations, si on voulait vraiment épargner l'argent public.

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