Hausses de l'électricité, du gaz et des carburants : Le gouvernement se moque du monde06/04/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/04/une-2227.gif.445x577_q85_box-0%2C12%2C167%2C228_crop_detail.png

Leur société

Hausses de l'électricité, du gaz et des carburants : Le gouvernement se moque du monde

Le gouvernement vient d'annoncer une série de mesures, ou d'intentions, prétendant vouloir limiter la flambée des prix de l'énergie, pour le gaz, l'électricité et le carburant. Ce qu'il propose consiste à prendre les gens pour des imbéciles.

Concernant le gaz tout d'abord, dont la hausse de 5,2 % vient d'avoir lieu le 1er avril, soit 20 % en un an, le gouvernement prétendait que les tarifs étaient imposés par un mode de calcul complexe mais soigneusement déterminé, et qu'une commission soi-disant indépendante, la Commission de régulation de l'énergie, était là pour en vérifier la régularité. Mais voilà que d'un seul coup il explique que les prix seront gelés jusqu'en 2012, et qu'on va revoir le mode de calcul... juste après que la hausse a eu lieu !

Et voilà qu'on nous explique que nous l'avons quand même échappé belle, car « normalement », toujours selon le fameux mode de calcul, on aurait eu droit à 7,5 % de plus au 1er juillet. Il n'y aura pas de hausse donc... jusqu'à l'élection présidentielle. Après on verra.

En ce qui concerne l'électricité, Éric Besson, ministre de l'Industrie et de l'Énergie, avait annoncé que la hausse sera « modérée ». Mais elle est bel et bien prévue : elle devrait être de 2,9 % en juillet, après deux hausses précédentes de 6,4 % en tout, en août et en janvier.

Il n'y a strictement aucune raison à une telle hausse, sinon le fait qu'EDF essaie de récupérer les sommes englouties dans des investissements à l'étranger. Elle avait fin décembre 2010 environ 35 milliards d'euros de dettes (accompagnées des frais bancaires qui allaient avec). Elle a perdu peut-être deux milliards d'euros aux États-Unis, dans une opération visant à s'implanter dans le nucléaire, qui paraît plutôt mal partie en ce moment, ce qui ne l'empêche pas d'avoir versé plus d'un milliard de dividendes à l'État en 2009.

Enfin, depuis la catastrophe de Fukushima, il s'ajoute la nécessité pour EDF de revoir les installations nucléaires, ce qui devrait coûter cher. Il faut les revoir, c'est évident, mais ce n'est pas cela l'explication.

La hausse des prix, en fait, s'explique uniquement par la volonté d'EDF de rattraper les prix plus élevés des producteurs européens, et aussi d'honorer la nouvelle loi NOME qui lui impose de vendre le quart de son courant d'origine nucléaire à ses concurrents, lesquels pourront la revendre au public... plus cher évidemment. C'est de l'arnaque sur toute la ligne.

Reste la question des prix du carburant. Il y a quelques semaines, la ministre de l'Économie s'en était prise aux pompistes, accusés d'exagérer les tarifs. C'était déjà un écran de fumée. Mais maintenant le gouvernement envisage de revaloriser de 4,6 % le barème forfaitaire kilométrique retenu pour les déductions d'impôts sur les revenus de 2010. Il annonce que ce modeste effort de l'État serait financé par les trusts pétroliers pour un montant qui serait de 100 millions d'euros. C'est peu de chose et ne concerne pas les automobilistes qui ne sont pas assujettis à l'impôt sur le revenu.

Il y a pourtant un calcul facile à faire : Total annonce 10 milliards d'euros de bénéfices. Il y a environ 40 millions de véhicules en France, camions compris. Chaque automobiliste ou camionneur fournit donc en moyenne 250 euros de bénéfice à Total. Voilà qui serait une piste sérieuse pour limiter la hausse des carburants.

Mais s'en prendre aux bénéfices de Total ou à la politique d'EDF et GDF, pour le gouvernement il n'en est évidemment pas question.

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