Le centre d'accueil Leydet est un foyer d'urgence de 155 places, normalement prévu pour assurer un lit et un repas aux plus démunis, aux sans-domicile-fixe de l'agglomération bordelaise, dont le nombre est en augmentation constante. C'est ce centre que la municipalité veut « humaniser » à sa manière.

La ville, dont le maire est toujours Alain Juppé, y a en effet programmé la suppression de 89 places dans les mois qui viennent. Le prétexte mis en avant par les responsables municipaux est l' « humanisation de l'accueil », avec la reconfiguration de l'espace en chambres individuelles.

Mais derrière les mots il y a en fait un vrai coup de force contre le seul foyer de la ville. La municipalité s'en prend non seulement à la capacité d'accueil du foyer, aggravant ainsi considérablement la situation de dizaines de personnes dont c'était le seul refuge, mais elle s'attaque aussi aux travailleurs.

Ainsi la direction générale du CCAS de Bordeaux compte se débarrasser des trente agents contractuels qui assuraient le fonctionnement de la structure et l'accompagnement des sans-domicile-fixe. Et comme elle estime que cela n'est pas suffisant, les départs à la retraite parmi les soixante titulaires de la structure ne seront pas remplacés et une dizaine d'agents seront contraints à la mutation, avec perte des primes particulières liées au centre d'accueil d'urgence.

Quant à l'accueil « humanisé », il va sans dire que la municipalité compte le réserver à ceux qu'elle considère comme présentables, c'est-à-dire ceux qui sont propres, autonomes, dociles et sans danger. Les autres, les vieux, les sales, les rebelles, les brisés, n'y auront pas leur place.