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- Lutte ouvrière n°2226
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Dassault aviation - Argenteuil (Val-D'oise) Dassault et la Libye : Les affaires d'abord
Qu'il s'agisse de la France ou de la Libye, Dassault a ses billes dans chaque camp. Les Rafale français et les Mirage F1 libyens sortent des mêmes usines. « Quand on vend du matériel, c'est pour que le client s'en serve », a-t-il récemment déclaré sur la chaîne télévisée Public Sénat.
Les vieux Mirage F1 de Kadhafi (dont certains récemment modernisés) ayant fait leur temps, Dassault espérait bien vendre des Rafale à la Libye. Dans ce but, lui et Edelstenne, le PDG de Dassault Aviation, ont multiplié les courbettes vis-à-vis de Kadhafi. C'est ainsi que lors de la venue en France du président libyen, fin 2007, Edelstenne avait assisté à la réception donnée en son honneur, avec d'autres chefs d'entreprise intéressés par un éventuel pactole. À cette occasion, il aurait même regretté, devant des syndicalistes de Dassault Aviation, que Sarkozy n'ait pas fait l'effort de se déplacer... jusque sous la tente de Kadhafi.
La promesse de lui vendre quatorze Rafale ne se concrétisant pas, Dassault s'est rappelé à son souvenir deux ans plus tard sur de grands panneaux implantés en plein Tripoli, où il présentait « ses meilleurs voeux au Frère guide de la révolution », et envoya trois de ces appareils participer à la parade aérienne donnée en l'honneur du 40e anniversaire de « la grande révolution libyenne ».
Dassault, dont le slogan est « le client d'abord », a joué jusqu'au bout les VRP. Ainsi, le 1er février dernier, une délégation de pilotes libyens avait été invitée à visiter l'usine d'Argenteuil. Une visite soulignée dans un premier temps dans la lettre mensuelle interne à l'usine, Passions Infos... du moins dans sa version initiale publiée début mars. Car curieusement, cette information disparaissait quelques jours plus tard dans une réédition exceptionnelle de la même lettre !
Dassault et sa direction ont senti que le vent avait tourné, et ils ont sans doute trouvé que leur attitude faisait désordre dans le concert de la « défense de la démocratie ». Mais le fait de vouloir réécrire l'histoire n'est pas passé inaperçu dans l'usine, où la falsification a été abondamment commentée.