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- Lutte ouvrière n°2224
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Dans les entreprises
Procès du bitume à Lyon : Eurovia, filiale de Vinci, conteste sa responsabilité dans le décès d'un salarié
Le procès en appel de « l'affaire du bitume » s'est tenu à Lyon le 11 mars. En mai dernier, le tribunal des affaires de Sécurité sociale de Bourg-en-Bresse avait estimé qu'Eurovia, entreprise de travaux publics filiale de Vinci, avait commis une « faute inexcusable » ayant entraîné la mort d'un ouvrier en 2008. Eurovia avait fait appel de ce jugement.
Francisco Serrano-Andrade avait travaillé une vingtaine d'années à épandre du bitume sur les routes, sans autre protection qu'une casquette et des gants, avant de développer un cancer de la peau apparu d'abord sur son nez, doublement exposé au rayonnement des ultra-violets et aux émanations des fumées de bitume, comme l'avaient établi des expertises médicales. Le tribunal de Bourg-en-Bresse en avait conclu à la responsabilité d'Eurovia, qui « aurait dû avoir conscience du danger auquel était exposé son salarié » et n'avait rien fait pour l'en protéger.
Mais pour l'avocat d'Eurovia, qui traduit le mépris qu'a son employeur pour la santé et la vie des travailleurs, l'exposition au soleil est un risque « environnemental » et non professionnel - comme si la victime avait choisi pour son plaisir de s'exposer au soleil !
Ils seraient environ 4 000 ouvriers, travaillant sur les routes, exposés aux mêmes risques que Francisco Andrade. Il n'est pas facile de savoir combien parmi eux ont développé un cancer suite à leur travail, beaucoup ne déclarant pas leur maladie comme étant professionnelle, de peur de perdre leur emploi, ou parce que ce sont des immigrés retournés dans leur pays avant que la maladie se déclare. Mais l'avocat de la veuve du salarié a relevé que « les travailleurs de la route sont quarante fois plus exposés aux produits cancérogènes que les autres ».
La cour d'appel de Lyon doit rendre son verdict le 10 mai. La responsabilité des sociétés de travaux publics sera-t-elle reconnue ou, comme cela s'est fait pour l'amiante, faudra-t-il encore attendre des années et de multiples recours avant que les victimes du bitume puissent faire valoir leurs droits ?