Logement : Il faut interdire les expulsions locatives16/03/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/03/une-2224.gif.445x577_q85_box-0%2C9%2C172%2C231_crop_detail.png

Leur société

Logement : Il faut interdire les expulsions locatives

Comme chaque année, la fin de la trêve hivernale, qui intervient le 15 mars au soir, fait peser une lourde menace sur les locataires les plus en difficulté pour ne pas avoir payé leur loyer.

À partir de cette date, les décisions d'expulsions prises par la justice peuvent être exécutées, y compris avec intervention de la police. Selon le ministère de la Justice, en 2009, 106 488 décisions ont été prononcées et 10 600 ont été appliquées par des forces de police. De nombreuses autres n'ont pas nécessité cette intervention, parce que les familles avaient quitté leur foyer avant que viennent frapper à leur porte l'huissier ou les policiers. Et ces chiffres, déjà scandaleusement élevés, seraient très inférieurs à la réalité, selon la Fondation Abbé-Pierre.

Face à cette situation, chaque année aussi un certain nombre de maires, principalement du PCF, prennent des arrêtés pour interdire les expulsions sur leur commune. C'est le cas en Seine-Saint-Denis (à Bobigny, Saint-Denis, La Courneuve, Stains, Saint-Ouen, etc.) ou dans le Val-de-Marne, à Bonneuil en particulier. Ils le font en dénonçant une loi qui contribue à enfoncer des familles qui ont déjà la tête sous l'eau, qui « sont de bonne foi (...), se serrent la ceinture, mais à un moment, (...) n'y arrivent plus et accumulent les dettes », ainsi que l'expliquait Patrick Douet, le maire communiste de Bonneuil.

Les maires savent que leurs arrêtés municipaux restent impuissants face à la loi. Ils sont d'ailleurs systématiquement cassés par le tribunal administratif. Mais ils mettent ainsi des bâtons dans les roues de la machine à jeter des personnes à la rue et permettent parfois de trouver des solutions, du moins de gagner du temps, quelques semaines importantes pour ceux qui risquent de se retrouver sans abri.

Le gouvernement et les ministres successifs du Logement nous resservent des discours sur leurs prétendues solutions à la crise du logement, avec une loi comme celle du « droit au logement opposable » (Dalo) par exemple, ou les aides aux locataires notoirement insuffisantes et données au compte-gouttes. Pourtant le scandale de ces expulsions continue, alors qu'il serait nécessaire de les interdire immédiatement.

Les constructions sociales sont insuffisantes, sans que le gouvernement prenne des mesures sérieuses pour construire et faire construire, et la crise du logement s'éternise et même s'approfondit. Alors que le chômage continue de grimper, que les revenus stagnent, les loyers, y compris dans le domaine social, atteignent, eux, des niveaux tels que de nombreuses familles ne peuvent plus payer. Interdire les expulsions locatives, bloquer les loyers, entamer un programme de constructions, de bonne qualité, à bon marché, massif, voilà les mesures de première urgence qu'il faudra imposer. Un toit est un droit élémentaire, dont personne ne devrait être privé. Mais pour l'imposer, la mobilisation de la population est indispensable. Il n'y a qu'elle qui soit susceptible de mettre en échec propriétaires et gouvernants.

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