Charleville-Mézières : Justice de classe04/03/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/03/une-2222.gif.445x577_q85_box-0%2C8%2C173%2C232_crop_detail.png

Leur société

Charleville-Mézières : Justice de classe

Près de 200 personnes se sont rassemblées à Charleville-Mézières en soutien aux huit manifestants qui étaient jugés le 24 février. Ils sont accusés d'avoir commis des dégradations, notamment sur la vitrine du local de l'UMP, ou d'avoir frappé des gendarmes lors d'une manifestation à Charleville contre la réforme des retraites, le 28 octobre 2010.

Le nombre de soutiens présents à l'audience témoignait de l'indignation suscitée par la procédure et la manière dont elle a été menée. Les arrestations des huit manifestants se sont déroulées le même jour, à leur domicile et sur leur lieu de travail, dans un grand déploiement policier.

Le procès, que le tribunal voulait rapide, a duré près de dix heures. Dès le début, le tribunal a pris fait et cause pour les forces policières, louant leur attitude exemplaire durant la manifestation. Pourtant, la vidéo projetée montrait un agent lançant une grenade lacrymogène sur la foule avant même que les jets de pierres n'aient eu lieu sur le local de l'UMP, et donc avant même l'altercation qui s'en est suivie avec les gendarmes.

Aux manifestants qui expliquaient leurs gestes par la colère ressentie face aux tirs de grenades lacrymogènes sur une foule dans laquelle se trouvaient des enfants, la juge en charge de l'affaire a fait la remarque suivante : « Des enfants, un jour d'école ? ». Manifestement, elle ne savait pas que les enseignants étaient aussi en grève ce jour-là.

Sans surprise, la sentence fut lourde pour les accusés. Le jugement a pratiquement repris les peines requises par le procureur, allant de travaux d'intérêt général à un an de prison ferme pour l'un des accusés. L'évaluation des indemnités à payer aux différentes parties civiles (UMP, société Foncia, entre autres) a été repoussée au mois de mai, mais devrait s'élever à plus de 20 000 euros. Les avocats de la défense ont déjà prévu de faire appel.

Dans un département où le patronat se comporte depuis des années comme une bande de casseurs, détruisant des emplois par milliers, la justice a montré de quel côté elle penchait.

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