Projet de réforme fiscale : Quand la droite discute... de ce qui l'intéresse16/02/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/02/une-2220.gif.445x577_q85_box-0%2C9%2C172%2C231_crop_detail.png

Leur société

Projet de réforme fiscale : Quand la droite discute... de ce qui l'intéresse

Un débat se déroule depuis quelque temps au sein de la droite pour décider de la meilleure façon de réformer l'impôt sur le revenu.

Ces gens qui écartent d'un geste toute augmentation des salaires (« Impossible, vous n'y pensez pas ! »), qui votent les yeux fermés le prolongement de deux ans de la durée du travail, la diminution des remboursements de médicaments ou celle du nombre d'enseignants, discutent en revanche des mois, dépensent des litres de salive, des tonnes de papier et des heures d'antenne lorsqu'il s'agit d'aménager l'impôt des plus riches.

Faut-il conserver, ou non, le bouclier fiscal qui permet aux 20 000 plus gros foyers fiscaux d'obtenir globalement 700 millions d'euros de remboursement d'impôt ? Faut-il supprimer ou aménager l'ISF, l'impôt de solidarité sur la fortune, frappant ou plutôt caressant les patrimoines au-delà de 800 000 euros ? Le ministre du Budget Baroin propose de relever le seuil d'imposition à 1,3 million d'euros, en exonérant ainsi 300 000 contribuables. La ministre de l'Économie Lagarde est d'un autre avis. Faut-il créer une nouvelle tranche d'impôt, pour les contribuables les plus aisés ? Et tel député UMP de débattre avec tel ministre pour savoir s'il faut déplafonner l'abattement ou abattre le déplafonnement...

Ces querelles masquent un problème politique réel. La droite au pouvoir voudrait à la fois réduire autant que faire se peut les impôts des très riches, donner si possible un petit cadeau aux familles aisées qui constituent son électorat naturel, et assurer quand même des rentrées fiscales suffisantes à l'État. Et, de plus, selon le rapporteur UMP du budget à l'Assemblée nationale, elle souhaite faire cela « sans prendre de risque politique inutile ». C'est-à-dire sans donner l'impression de faire payer les petits patrons pour les gros et les travailleurs pour les propriétaires.

Quoi qu'il en soit, il est probable que la nouvelle réforme fiscale se traduira par une nouvelle diminution d'impôt pour les classes possédantes, dans leur partie supérieure ou dans leur ensemble. Jusque-là les classes populaires ont payé ces cadeaux aux riches par la dégradation des services publics, par la baisse des prestations sociales et par l'augmentation des impôts locaux. Le moment arrivera fatalement où l'État voudra les faire payer directement, les pressurer encore plus ouvertement, en augmentant leurs impôts, essentiellement la TVA que chacun paye sur tout ce qu'il achète. Copé, toujours en avance d'un mauvais coup contre les travailleurs, en parle déjà.

Un « risque politique » au sens de l'UMP, aussi hypothétique qu'électoral, ne suffira pas à éviter cela. Seule une véritable explosion sociale le pourra.

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