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- Lutte ouvrière n°2220
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Noroxo/Exxon Mobil - Harnes (Pas-de-Calais) : Les victimes de la légionellose toujours en attente d'un procès
Entre novembre 2003 et février 2004, une épidémie de légionellose s'est abattue sur l'arrondissement de Lens. 86 personnes ont été victimes de cette catastrophe sanitaire, et 18 sont décédées.
À l'époque, après différentes recherches et analyses, l'usine Noroxo, filiale du trust pétrolier Exxon Mobil, était mise en cause. Dans cette entreprise, qui produisait des alcools et des acides industriels, on avait alors décelé la source de contamination dans les tours aéroréfrigérantes. Le taux de contamination se trouvait sept fois au-dessus du seuil d'alerte, à partir duquel il est obligatoire d'arrêter les installations pour une désinfection complète. La bactérie prélevée dans les tours a été retrouvée chez des malades.
Exxon Mobil a prétexté les nouveaux impératifs, fixés par un arrêté préfectoral, en matière de précautions pour l'environnement, en particulier un seuil de tolérance plus bas pour la concentration de bactéries dans les tours aéroréfrigérantes, pour arrêter définitivement l'usine le 2 janvier 2004. Cela entraîna la suppression de 160 emplois chez Noroxo et d'une centaine dans la sous-traitance. Pourtant en 2003 le trust Exxon Mobil avait réalisé des profits s'élevant à plusieurs milliards d'euros. Il avait l'argent qui lui aurait permis d'investir dans l'entreprise, en mettant les installations aux nouvelles normes.
Aujourd'hui, l'usine Noroxo est détruite et il ne reste plus que les gravats à évacuer. Mais les victimes de la légionellose sont toujours engluées dans les procédures judiciaires pour qu'il y ait enfin un procès. En février 2010, après une instruction judiciaire qui dure depuis 2004, la société Noroxo, le directeur de l'usine et la société de maintenance pour l'entretien des tours aéroréfrigérantes ont été mis en examen pour blessures et homicides involontaires. Les avocats de Noroxo et Cie ont alors demandé la nullité d'une partie de l'instruction en réaffirmant que le lien entre l'épidémie et Noroxo n'était pas établi, une demande qui aurait permis de redémarrer l'instruction à zéro et de la faire repartir pour plusieurs années.
Heureusement le 10 février dernier, la cour d'appel de Douai a débouté Noroxo et rejeté la demande de nullité de l'instruction. Les familles des victimes sont soulagées, mais elles ne sont pas au bout du marathon judiciaire, puisque Noroxo et Cie peuvent faire un recours en cassation.
Alors, y aura-t-il un jour un procès pour que les responsables de cette épidémie soient jugés et condamnés ? Et quand donc les travailleurs et toute la population concernée pourront-ils avoir un contrôle réel sur le fonctionnement de telles entreprises ?