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Dans le monde
Les barbelés de l'Europe pour les immigrants tunisiens
Selon l'Organisation internationale sur les migrations, l'OIM, en cinq jours, cinq mille Tunisiens seraient parvenus à atteindre l'île italienne de Lampedusa, située à 138 kilomètres des côtes tunisiennes, dont mille dans la seule nuit de samedi à dimanche 13 février. Ces immigrants « fuient la pauvreté et les grèves », déclarait le porte-parole à Rome du haut-commissariat de l'ONU aux Réfugiés, le HCR.
Que la majorité d'entre eux fuient la misère est certain. Nombre de reportages montraient des jeunes au chômage depuis des années, des journaliers payés 80 euros par mois, des ouvriers qui gagnent trop peu pour vivre, comme cet homme qui expliquait derrière les barbelés du camp de Lampedusa qu'il ne gagnait en Tunisie que 10 dinars par jour, soit 5 euros. La plupart de ces immigrants, qui ont profité du relâchement de la surveillance des côtes pour fuir, viennent des villes du sud de la Tunisie, Zarziz, Tataouine, Médenine, Gafsa, des villes où le taux de chômage est très important ; il est ainsi de 25 % à Zarziz, selon les chiffres officiels.
Car la dictature est tombée en Tunisie, mais les problèmes qui touchent de plein fouet la population laborieuse, le chômage, les bas salaires, les prix trop élevés des denrées de première nécessité, restent entiers. « Il n'y a pas de place pour moi en Tunisie. La révolution tunisienne, ce n'est que du blabla, rien n'a changé, et rien ne changera », expliquait cet homme de 29 ans rescapé du naufrage d'un bateau qui tentait d'atteindre Lampedusa.
Devant l'afflux d'immigrants, le gouvernement italien a décrété l'état d'urgence humanitaire et réouvert le centre de premier accueil, CPA, d'une capacité de mille places seulement. Le ministre italien de l'Intérieur, Roberto Maroni, membre du parti la Ligue du Nord, a demandé l'intervention urgente de l'Europe et en a profité pour distiller sa propagande xénophobe, en évoquant la prétendue infiltration parmi les immigrants de « terroristes » échappés des prisons tunisiennes. Le ministre des Affaires étrangères, Franco Frattini, quant à lui, préconisait l'envoi de navires italiens pour patrouiller dans les eaux tunisiennes, faisant référence à ce qui avait été fait contre les immigrants albanais en 1990. Finalement, l'Union européenne disait vouloir faire appel à une mission Frontex, cette force européenne chargée de la surveillance des frontières extérieures à l'Union européenne, flanquée de navires, d'avions et de radars.
Voilà donc la seule réponse des pays les plus riches de l'Union européenne à l'arrivée de ces milliers d'immigrants, l'envoi de policiers supplémentaires pour renforcer encore les barbelés déjà existants, et ce alors que ces pays impérialistes sont responsables de la misère qui s'est répandue en Tunisie comme dans tous les pays du continent africain.