Sarreguemines Bâtiments -Vitry-le-François (Marne) : La Faïencerie doit payer02/02/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/02/une-2218.gif.445x577_q85_box-0%2C14%2C163%2C226_crop_detail.png

Dans les entreprises

Sarreguemines Bâtiments -Vitry-le-François (Marne) : La Faïencerie doit payer

Un ouvrier atteint de silicose a porté plainte contre Sarreguemines Bâtiment qui l'a employé pendant vingt-huit ans. La Faïencerie de Vitry-le-François a exposé des centaines d'ouvriers à cette maladie. « On ne portait pas de masque. On travaillait toute la journée dans la poussière. À tel point qu'on ne voyait pas le gars d'à côté. [...] Quand on se mouchait c'était blanc. » Il a fallu que de nombreux cas soient déclarés pour que la direction commence à fournir du matériel de protection.

Mais cela a pris du temps car lorsque les radios annuelles des poumons révélaient qu'un ouvrier était atteint, la direction lui imposait le silence auprès de ses collègues. Le silence n'était brisé que lorsqu'un retraité de l'usine mourait de la silicose. Il a fallu que des militants rendent publics ces cas de maladie pour que la silicose ne soit plus un sujet tabou et que l'on fasse plus de prévention.

Il y a cinq ans, sur l'insistance de l'infirmière de l'usine, les radios sont passées à un format plus grand ! Cela a provoqué l'émoi de la direction de l'époque, car il y avait eu ainsi bien plus de débuts de silicose détectés ! L'ouvrier qui porte plainte aujourd'hui n'en a d'ailleurs pas bénéficié, car il avait été licencié l'année précédente et ce n'est que deux ans plus tard qu'il a été diagnostiqué.

Depuis, l'entreprise Lecico, qui a repris la Faïencerie en 2006, s'est targuée d'avoir diminué l'exposition des salariés à la poussière de silice. Mais les travaux qu'elle a dû effectuer révèlent les conditions scandaleuses dans lesquelles on a obligé les ouvriers à travailler durant des décennies : les chantiers situés au sous-sol, et dont les hauteurs de plafond n'atteignaient pas trois mètres, étaient mal aérés, les masques utilisés étaient peu efficaces... Et il reste le problème des autres maladies provoquées par les conditions de travail : inflammation du canal carpien pour les émailleuses dont les pistolets étaient très lourds, problème de dos pour les manutentionnaires qui portent à la main des pièces de 20 à 40 kilos.

Aujourd'hui, malgré les améliorations apportées, le médecin du travail rapporte qu'il fait encore deux déclarations de silicose chaque année. Les travailleurs ont donc bien raison de réclamer que la responsabilité de l'entreprise soit reconnue et qu'elle paie pour les années de vie qu'elle a volées aux ouvriers.

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