Alors que les grandes enseignes ont commencé les négociations annuelles qui fixent les tarifs auxquels elles achèteront les produits des industriels de l'agro-alimentaire pour l'année à venir, les représentants des chaînes Carrefour et Système U ont déjà annoncé que les prix vont augmenter dans leurs rayons. Le directeur général de Carrefour prévoit une hausse de 2 % en 2011 et le réseau Système U de 2 à 3 %.

De leur côté, les industriels demandent des augmentations de 2 à 10 %, avec des pointes à 30 %. De l'huile aux pâtes, en passant par les jus de fruits, le chocolat et la charcuterie, de nombreux produits seraient concernés.

En France, l'ensemble des prix agricoles flambent. Les prix des céréales ont enregistré une augmentation de 87,4 % sur un an, ceux des fruits frais de 23,3 % et ceux des légumes frais de 36,9 %. Et cette tendance n'est pas nouvelle ; selon l'Insee, le prix des céréales aurait plus que doublé depuis 2005.

Selon le ministre de l'Agriculture Bruno Le Maire, il s'agirait d'une hausse « inéluctable », résultant de la flambée des prix des matières premières, liée à des facteurs climatiques, à l'augmentation de la demande de certains pays et surtout à la spéculation. De puissants fonds spéculatifs ainsi que des banques se sont effectivement emparés de ce marché des denrées alimentaires, profitant des incidents climatiques en Russie, en Ukraine, au Canada ou au Pakistan pour spéculer sur la hausse des prix du maïs ou du blé.

Une chose est sûre, les consommateurs devraient une fois de plus en faire les frais en France, mais aussi dans de nombreux pays où les populations sont déjà au bord de la famine. Selon un rapport de l'ONU, le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Sénégal et le Tchad seraient les plus menacés. Certains dirigeants occidentaux commencent d'ailleurs à s'inquiéter des conséquences d'une éventuelle crise alimentaire, semblable à celle de 2008, qui pourrait en résulter et dont les récentes manifestations en Afrique du Nord ne sont peut-être que les premiers signes.

Les spéculateurs, eux, n'en ont que faire. La loi du capitalisme, c'est de faire un maximum de profit et il leur importe peu que cela conduise des millions d'êtres humains à la famine.