Depuis le 1er février, les personnes hospitalisées dans cinq établissements de l'AP-HP (Assistance publique des hôpitaux de Paris), Bichat, La Pitié-Salpêtrière, Bretonneau à Paris, Beaujon à Clichy et Avicenne à Bobigny, qui demanderont à bénéficier d'une chambre individuelle « pour des raisons de confort et non médicales », devront payer pour cela 45 euros par jour. Il s'agirait d'une expérimentation : si l'expérience est concluante, explique la direction de l'AP-HP, la mesure sera étendue à tous les hôpitaux de la région parisienne.

La direction de l'AP-HP prévoit de récupérer ainsi une centaine de millions d'euros par an, et de faire payer au moins une partie de son déficit (90 millions d'euros en 2010) par ceux des malades qui auront les moyens de se payer une chambre individuelle. Elle se justifie en rappelant que les cliniques de la région parisienne font payer les chambres individuelles autour de 150 euros, et qu'un grand nombre de CHU de province font déjà payer ce « service ». Mais cela ne rend pas la mesure moins inique.

Cette dépense supplémentaire ne sera en effet pas remboursée par la Sécurité sociale. Elle sera prise en charge par certaines mutuelles, mais pas par toutes. Et tous les malades n'ont pas de mutuelle, en particulier dans la fraction la plus pauvre et la plus fragile de la population. La possibilité de bénéficier d'une chambre individuelle devient un privilège réservé à ceux qui ont les moyens de payer, et introduit ainsi une ségrégation sociale dans l'hôpital public.