Aluminium Dunkerque : Un opérateur blessé grièvement02/02/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/02/une-2218.gif.445x577_q85_box-0%2C14%2C163%2C226_crop_detail.png

Dans les entreprises

Aluminium Dunkerque : Un opérateur blessé grièvement

Mercredi 26 janvier, un opérateur du secteur Electrolyse d'Aluminium Dunkerque s'est brûlé grièvement en effectuant des travaux d'entretien sur une cuve et a été emmené au CHRU de Lille dans le service des Grands Brûlés. Il est victime de brûlures chimiques sur le pied, la jambe et une main, et devrait subir de nombreuses greffes. Cet accident a suscité une vive émotion parmi le personnel, en particulier celui de l'Electrolyse qui effectue les mêmes travaux que notre camarade blessé.

Dans le secteur, dans deux halls de 800 mètres de long, 264 cuves produisent l'aluminium à partir d'un courant électrique qui y fait chauffer à 950° un bain chimique et d'alumine, entraînant la formation de l'aluminium liquide. Ces cuves sont en activité 24 heures sur 24, 365 jours par an. Plus d'une centaine d'opérateurs en équipe postée en continu les entretiennent et changent des anodes, alimentent le bain, récupèrent l'aluminium liquide de ces cuves en le stockant dans des poches qui sont transportées en Fonderie. Celle-ci transforme cet aluminium liquide en plaques et en lingots solides.

Quand on se trouve dans un hall d'Electrolyse, on a l'impression qu'il ne se passe pas grand-chose et qu'il n'y a personne. Seuls une dizaine d'opérateurs travaillent autour des cuves et l'on aperçoit des mouvements de ponts roulants avec différents outils pour l'entretien des cuves, des gros engins qui transportent les poches et quelques chariots élévateurs. Mais en permanence il y a du danger. Les champs magnétiques très élevés entraînent une fatigue importante. Le courant électrique très puissant, entraîne un risque d'électrocution. L'aluminium liquide, avec la seule présence d'eau, peut entraîner des risques d'explosion. Les projections de métal liquide peuvent occasionner des brûlures graves. Les gaz et les rejets chimiques, provenant des cuves, peuvent amener des taux anormaux de présence de fluor dans le corps.

Dans cet environnement à risques, les opérateurs, même s'ils ne sont pas à la chaîne, exercent des tâches répétitives qui font oublier parfois le danger. C'est au cours d'une manutention banale, accomplie des milliers de fois, que notre camarade, qui a vingt ans d'expérience, a été accidenté. En remettant un des capots, souvent en mauvais état, qui carapace la cuve et en le poussant, son pied est allé plonger dans la cuve dont le liquide se situe au ras du sol. Brûlé jusqu'au genou, il a enlevé sa chaussure et s'est brûlé la main. Un camarade présent à une certaine distance l'a aperçu et est venu le secourir.

Suite à l'accident, une équipe d'opérateurs a débrayé et des réunions ont eu lieu dans toutes les équipes. Tous les problèmes de sécurité sont remontés : le matériel et les machines défectueuses, le manque de formation des intérimaires. L'ambiance de travail est en plus stressante, car la direction met en place un projet Lean visant à augmenter la charge de travail et il y a aussi l'intervention du cabinet de conseil Mac Kinsey, célèbre comme tueur d'emplois.

La direction porte une lourde responsabilité dans l'insécurité qui règne un peu partout et qui est liée aux économies sur les investissements pour l'entretien. L'objectif prioritaire des managers est que les profits importants réalisés par AD aillent augmenter les dividendes des actionnaires de Rio Tinto. Les salariés viennent au travail pour gagner leur vie, pas pour la perdre.

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