Plus d'élèves, moins d'enseignants... Le ministre de l'Éducation doit retourner à l'école19/01/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/01/une-2216.gif.445x577_q85_box-0%2C8%2C173%2C232_crop_detail.png

Leur société

Plus d'élèves, moins d'enseignants... Le ministre de l'Éducation doit retourner à l'école

Mi-janvier, les menaces sur l'Éducation nationale se précisent. 16 500 postes doivent disparaître à la rentrée 2011. Charge est déléguée aux recteurs d'académie d'appliquer la saignée, en jouant sur les « leviers » pointés par leur ministre, dans des lettres de consignes plutôt vagues dont l'axe se résume à « plus d'élèves par classes, moins de moyens d'apprentissage ».

Affiché globalement, le chiffre des emplois à supprimer semble énorme, d'autant plus qu'il vient s'ajouter aux dizaines de milliers d'emplois déjà supprimés, plus de 66 000 depuis 2007. Et traduit concrètement en postes administratifs, en emplois d'enseignants sans lesquels les établissements vont devoir fonctionner, le tableau qui se profile pour septembre 2011 est sombre.

Un peu partout, alors que les effectifs d'élèves attendus sont en hausse, les enseignants seront moins nombreux pour les accueillir, sans parler des EVS, des emplois précaires bien utiles à l'encadrement des jeunes ou en aide à la direction des écoles primaires, supprimés massivement dans certains départements. On pourrait établir une carte de France de la grande misère de l'enseignement public prévisible en septembre : dans l'académie de Lyon par exemple, 4 507 élèves supplémentaires devraient être inscrits, 282 postes d'enseignants et quatre postes d'employés sont supprimés, alors qu'il manquait déjà 59 instituteurs. Dans l'académie de Créteil, les élèves, les professeurs et les parents devront se débrouiller avec 571 emplois en moins. Dans la Seine-Saint-Denis, le ministère a le cynisme de supprimer vingt instituteurs et quarante professeurs dans les collèges - là où six cents élèves supplémentaires devraient se présenter - et de déplorer par ailleurs la réussite moindre des élèves, comparée à la moyenne nationale. Un exemple parmi d'autres de la situation actuelle : à Épinay, banlieue ouvrière de Paris, une école maternelle a dû faire face à quarante-sept journées d'instituteurs non remplacées rien que depuis la rentrée de septembre 2010, au point que de nombreux parents tentent de déposer un recours au tribunal administratif pour service non rendu ou saisissent la Halde pour discrimination vis-à-vis de leurs enfants.

Les établissements ruraux ne sont pas épargnés : dans l'Aveyron 47 postes sont supprimés, dans le Lot 4 % des postes d'enseignants vont disparaître, dans l'académie de Reims, il manquera 371 postes, dans l'Eure 52, alors que 600 élèves nouveaux arrivent dans les collèges.

Dans l'immédiat, c'est aussi l'offre de formation ouverte aux lycéens qui rétrécit : dans les Yvelines par exemple, quatre BTS différents (formations en deux ans accessibles après le bac) sont supprimés, à Poissy, Mantes-la-Jolie, Montigny-le-Bretonneux et Rambouillet, le rectorat faisant observer que les élèves peuvent se déplacer pour aller suivre ces formations ailleurs dans l'académie, ce qui signifie parfois aller à l'autre bout du département... ou s'inscrire dans le privé, payant.

Des manifestations ou rassemblements sont organisés samedi 22 janvier dans tout le pays, à l'appel de syndicats, d'associations de parents et d'éducateurs, contre la politique catastrophique du gouvernement dans l'Éducation nationale. Rien qu'avec les suppressions de postes programmées, il y a 16 500 bonnes raisons d'y participer.

Viviane LAFONT

À Paris, samedi 22 janvier, une manifestation aura lieu à 14 h 30 au départ du Luxembourg, en direction du ministère de l'Éducation nationale.

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