L'euro en question : Les classes populaires ne sont pas victimes de l'euro, mais des capitalistes19/01/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/01/une-2216.gif.445x577_q85_box-0%2C8%2C173%2C232_crop_detail.png

Leur société

L'euro en question : Les classes populaires ne sont pas victimes de l'euro, mais des capitalistes

Sarkozy a profité de sa séance de voeux pour revenir sur la tempête financière qui secoue l'Europe, en affirmant sa volonté « de défendre l'euro ». Mettant en garde contre ceux qui proposent de sortir de l'euro il a ajouté : « L'isolement de la France serait une folie. La fin de l'euro serait la fin de l'Europe », « dans la tempête (elle) a su faire face, certes pas assez complètement et souvent pas assez rapidement, mais l'Europe a tenu et l'Europe nous a protégés ».

Jusqu'à quel point l'Europe a-t-elle « protégé » les classes populaires du continent ? On peut évidemment se le demander à voir la succession de plans d'austérité décidés dans les différents pays en invoquant, entre autres, la défense de l'euro. Mais en réalité pour les gouvernements, le problème n'est ni de « défendre l'euro » ni de « lutter contre les déficits » mais de protéger les profits des capitalistes et des banques, quitte à continuer de creuser les déficits publics pour cela. Et à l'inverse, l'abandon de l'euro et le repliement derrière des monnaies nationales ne seraient en rien une protection pour les travailleurs.

SORTIR DE L'EURO ?

Ceux qui revendiquent la sortie de l'euro et le retour au franc déclarent tout de go que cela permettrait, à travers les « dévaluations compétitives », un retour à la croissance, aux emplois et aux augmentations de salaires. La dévaluation permet de faire baisser le taux de change d'une monnaie par rapport aux autres monnaies. Cette manipulation du taux de change permet de rendre les produits du pays qui dévalue moins chers à l'étranger, donc plus « compétitifs » et favorise les exportations. À condition que les autres pays ne fassent pas de même et que les exportations soient porteuses d'emplois, ce que les millions de chômeurs d'Allemagne, premier pays exportateur d'Europe, sont là pour démentir.

La première conséquence du retour aux monnaies nationales et aux dévaluations « compétitives » en cascade, serait un redoublement de la spéculation sur les monnaies. Pour les classes populaires des pays à la monnaie dévaluée, ce serait l'augmentation des prix à la consommation, au travers le renchérissement des importations. Autrement dit ce serait la baisse des salaires réels accompagnée de sacrifices supplémentaires réclamés au nom de la garantie de cette fameuse « compétitivité »... et c'est bien ce qui pourrait intéresser les capitalistes du pays.

CACHER LES VRAIES RAISONS DE LA CRISE

Le prétendu remède n'a rien de nouveau. Du temps des monnaies nationales, l'Europe a connu de nombreuses dévaluations. Rien que de 1980 à 1990 la France en a connu quatre. Au sein de la seule Europe communautaire, de 1979 à 1998, il y a eu au total 18 opérations de changement de cours des différentes monnaies. Et déjà à l'époque, les spéculateurs et les banquiers qui les accompagnaient pouvaient gagner des milliards en jouant sur les variations des taux de changes.

Tout cela les démagogues qui préconisent le retour au franc et le recours aux dévaluations le savent. Mais au fond leurs motivations sont les mêmes que ceux qui demandent des sacrifices au nom de la défense de l'euro : cacher que la crise que l'on veut faire payer à la population est due aux banques et à la folie spéculative des capitalistes. La poursuite de la crise financière, la spéculation des banques contre les États et leurs emprunts peuvent d'ailleurs amener les gouvernements, en désespoir de cause, à abandonner l'euro et à se replier derrière leurs barrières douanières, y compris les Merkel et les Sarkozy. Mais cela voudrait dire une aggravation de la crise et des sacrifices demandés aux classes populaires.

Que le Front National et une partie de la droite essayent de faire un profit électoral en mettant en avant ces fausses solutions, c'est dans l'ordre des choses. Mais même à gauche certains les reprennent. C'est le cas d'une des composantes du Front de Gauche, le MPEP, qui a lancé « une grande pétition nationale » pour « sortir de l'euro », essayant de couvrir sa démagogie nationaliste réclamant le retour au franc, de la nécessité spirituelle « d'une monnaie commune » pour l'Europe, mais pour... bien plus tard.

L'avenir n'est pas dans une défense réactionnaire des vieux États et des vieilles monnaies, dans l'acceptation de sacrifices au nom de la défense d'une économie et d'une monnaie nationales. La solution pour mettre fin aux spéculations d'hier, d'aujourd'hui et de demain, aux saignées pour remplir les coffres des banquiers, serait d'imposer le contrôle des travailleurs sur l'économie, d'exproprier toutes les banques et de créer une banque unique sous le contrôle de la population et agissant dans l'intérêt de toute la société. Elle est dans une véritable union, à commencer par celle des quelque 600 millions d'habitants du continent européen, dans le cadre d'une économie socialiste. C'est ce que le mouvement ouvrier révolutionnaire revendiquait autrefois avec le mot d'ordre des « États unis socialistes d'Europe ». Et c'est ce qu'il est urgent de remettre d'actualité.

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