IVG, contraception, éducation sexuelle... Halte aux retours en arrière !19/01/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/01/une-2216.gif.445x577_q85_box-0%2C8%2C173%2C232_crop_detail.png

Leur société

IVG, contraception, éducation sexuelle... Halte aux retours en arrière !

L'annonce de la réouverture, même si c'est avec des réserves du côté des autorités, du centre d'IVG (interruption volontaire de grossesse) de l'hôpital Tenon à Paris 20 e, fermé en 2009 par l'Assistance Publique-Hôpitaux de Paris, a certainement de quoi réjouir. Et d'abord toutes celles et tous ceux qui, dans le public comme dans le personnel, se sont mobilisés pour contrer ce mauvais coup porté aux femmes.

Cet exemple est caractéristique. Jusqu'à sa fermeture, le centre IVG de Tenon effectuait 500 actes par an. Avec sa fermeture, ce sont des centaines de femmes qu'il a fallu réorienter vers l'hôpital Saint-Antoine, dont le centre IVG est promis à la fermeture, ou vers celui, trop petit, de l'hôpital Trousseau. Et ce sont des angoisses supplémentaires pour des femmes quand les délais deviennent si longs qu'ils approchent de la limite fixée par la loi pour un avortement.

D'autres centres IVG, surtout les plus petits, ont fermé, notamment en Île-de-France (près d'un sur trois entre 1999 et 2006) et en région Provence-Alpes-Côte-d'Azur, constate un rapport de l'Inspection générale des affaires sociales (IGAS). En fait, partout l'accès à l'IVG se restreint : le nombre des établissements pratiquant des avortements est passé de 729 en 2000 à 639 en 2006. La fermeture de centres relevant du secteur public est d'autant plus dramatique que l'hospitalisation privée se détourne des IVG qu'elle considère comme une activité pas assez rentable.

Tout cela explique que, bien que la loi française ait enfin reconnu le droit à l'avortement en janvier 1975, des milliers de femmes soient toujours contraintes d'aller avorter à l'étranger.

En amont, la situation n'est pas meilleure. Le rapport de l'IGAS fait état du manque d'information en matière de santé sexuelle et reproductive, du manque de financement de la prévention, d'inégalité d'accès aux soins... Ainsi la loi de 2001 sur la contraception et l'IVG prévoit que tout enfant peut, chaque année du CP à la terminale, assister à trois séances d'éducation à la sexualité. Mais ses textes d'application n'ont prévu aucun financement pour cela. Et l'État, qui se débarrasse de plus en plus de ses missions de service public en la matière, restreint aussi les moyens financiers, déjà insuffisants, qu'il accordait jusque-là aux associations palliant ses propres manques.

C'est dans ce contexte de remise en cause des droits des femmes, et des jeunes, en matière de contraception, d'IVG ou d'information sexuelle, que des associations viennent d'élever la voix. Le Planning Familial, la Coordination pour le droit à l'avortement et à la contraception et l'Association nationale des centres d'IVG et de contraception ont mis en demeure le Premier ministre de « faire cesser, dans les meilleurs délais, ces inégalités », en exigeant « l'application de la loi sans discrimination géographique ou d'âge ». Une chose est certaine : alors que les femmes sont encore plus durement frappées que les hommes par la crise, et plus souvent victimes de la précarité, le combat pour les droits des femmes reste plus actuel que jamais.

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