Algérie : La misère et le désespoir tuent aussi19/01/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/01/une-2216.gif.445x577_q85_box-0%2C8%2C173%2C232_crop_detail.png

Dans le monde

Algérie : La misère et le désespoir tuent aussi

Mercredi 12 janvier, à Bordj Ménaïel, un homme âgé de 41 ans, agent de sécurité et père de six enfants, a tenté de s'immoler par le feu lorsqu'il a su qu'il était écarté de la liste des bénéficiaires du programme des cent logements sociaux de sa localité. Il attendait depuis des années un relogement décent, après que son appartement eut été détruit par un séisme en 2003. Vendredi 14 janvier, un jeune de 26 ans au chômage a lui aussi tenté de s'immoler à Jijel, en Kabylie. Samedi 15 janvier, un homme de 27 ans, père de deux enfants, sans domicile et au chômage lui aussi, est passé à l'acte devant le siège de l'Assemblée populaire communale à Boukhara, près de la frontière tunisienne. Il venait d'essuyer un énième refus des services de la mairie pour une demande d'emploi. Dimanche 16 janvier, un chômeur de 34 ans s'est aspergé d'essence devant le siège de la sécurité de la wilaya de Mostaganem. Il portait sur lui plusieurs demandes d'embauche ainsi que des lettres adressées à des administrations décrivant l'indigence de sa situation matérielle. Lundi 17 janvier, un autre chômeur âgé de 36 ans, père de quatre enfants, a tenté de s'immoler au secrétariat du siège de la wilaya d'El Oued. Il a vécu trois ans dans un garage avec toute sa famille.

Tous ces actes désespérés ont sans doute été en partie inspirés par l'acte du jeune vendeur de Sidi Bouzid qui a été le point de départ du mouvement de protestation en Tunisie. Ils ont été commis devant les symboles du pouvoir, le gouvernement étant ainsi désigné comme responsable de la misère et de la détresse sociales subies par les classes populaires. Autre signe de détresse : depuis des années, laissant tout derrière eux, de nombreux jeunes tentent régulièrement de rejoindre l'Europe sur des barques de fortune et au péril de leur vie. Dans la nuit du 16 au 17 janvier, une vingtaine de ces jeunes ont été arrêtés près d'Annaba, à l'est du pays. Ils ont préféré brûler leur embarcation, alors qu'ils s'y trouvaient toujours, plutôt que de se rendre aux gardes-côtes. Leur tentative de suicide collectif a échoué mais ils ont été présentés au procureur et comparaîtront devant un tribunal.

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