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- Lutte ouvrière n°2215
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Leur société
Valls et les 35 heures : Une notoriété en faisant les poubelles de la droite
En déclarant au début de l'année qu'il faut « déverrouiller les 35 heures », Manuel Valls a marqué sa différence par rapport aux autres candidats à la primaire du PS pour l'élection présidentielle de 2012.
À l'en croire, sa proposition serait destinée à dépasser les querelles de personnes qui agitent le PS pour s'élever jusqu'à un débat d'idées, afin de répondre à ce « devoir d'inventer » que Valls « assume pleinement ». Rien de moins ! Le problème, c'est que l'invention dont il est si fier sort directement des poubelles de la droite.
Avant les élections de 2007, Royal s'était déjà demandé s'il ne faudrait pas « aller au-delà des assouplissements » déjà apportés aux 35 heures, reprenant une des litanies de la droite : le manque de souplesse dans la durée du travail. Mais aujourd'hui Royal préfère considérer les 35 heures comme une mesure emblématique de la gauche. Il n'y a pourtant pas de quoi s'en vanter, car la loi Aubry sur les 35 heures, c'est aussi l'annualisation du temps de travail, la flexibilité, de nouvelles exonérations de cotisations sociales. Il faut toute la mauvaise foi de la droite pour voir dans la loi Aubry une atteinte aux intérêts de « l'économie », autrement dit des intérêts patronaux. Pas gêné, Valls s'enfonce dans le sillage de tous ceux qui voudraient obtenir encore davantage de flexibilité pour satisfaire les hauts et les bas dans les besoins de main-d'oeuvre du patronat.
Valls ne pouvait pas dire qu'il faut « travailler plus pour gagner plus » sans tomber carrément dans le plagiat. Mais il s'adresse à la même clientèle, à commencer par ces petits patrons qui se considèrent comme des héros face à des ouvriers qui pour eux ne travailleront jamais assez et seront toujours trop payés. Et puis, parmi les aigris qui trouvent bien pratique de rendre les chômeurs responsables du chômage, certains se reconnaîtront peut-être en Valls.
Mais un « déverrouillage » des 35 heures n'a aucun sens pour les caissières de supermarché qui sont contraintes à des temps partiels avec des salaires partiels. La petite phrase de Valls est une injure à tous ceux qui n'ont pas de travail ou en sont réduits à des petits boulots en CDD ou en intérim.
Le vrai problème, c'est d'abord de mettre fin aux licenciements et s'il y a quelque chose à déverrouiller, c'est bien l'embauche. Car il est autant absurde qu'injuste qu'une partie du monde du travail soit condamnée au chômage ou au temps partiel pendant que d'autres s'usent au travail faute de l'embauche nécessaire.
Non seulement il n'y a pas à augmenter la durée hebdomadaire du travail, mais il serait nécessaire de partager le travail entre tous, à l'inverse de ce que préconisent ces patrons qui prennent appui sur le chômage pour faire pression sur ceux qui ont encore un emploi afin de détériorer les salaires et les conditions de travail.