Sécurité sociale des mines : Xavier Bertrand s'attaque aux mineurs retraités12/01/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/01/une-2215.gif.445x577_q85_box-0%2C10%2C169%2C230_crop_detail.png

Leur société

Sécurité sociale des mines : Xavier Bertrand s'attaque aux mineurs retraités

Le 22 décembre dernier, le député UMP Yves Bur a rendu au ministre du Travail et de la Santé le rapport qui lui avait été demandé sur « l'avenir » du régime minier de Sécurité sociale. Le fait de parler d'avenir est mauvais signe, et effectivement, malgré les dénégations du rapporteur et du ministre, les retraités mineurs et les ayants droit ne peuvent que s'inquiéter.

L'importance centrale des mines pour l'économie (machines à vapeur, production d'électricité, chemin de fer, chauffage domestique) avait obligé les gouvernements, dès le 19e siècle, à encourager l'embauche et le maintien de travailleurs dans les mines en octroyant des avantages spécifiques pour compenser la pénibilité et les dangers de la profession. Le statut actuel du mineur remonte à une loi de 1946. Il garantissait la gratuité totale des soins médicaux, un réseau de pharmacies et de médecins.

Mais les mines étant fermées et les mineurs à la retraite, le gouvernement peut désormais les attaquer plus facilement. Le 31 décembre 2009 (c'est décidément une habitude de gâcher la nouvelle année aux mineurs) le gouvernement avait déjà sorti un décret supprimant l'article 2.2b d'un avenant au statut garantissant le remboursement des frais de transport pour aller se faire soigner ou aller en cure. Ceci sous le prétexte de compenser la non-application aux mineurs du forfait de 1 euro sur les consultations chez le médecin. Cela a entraîné en 2010 une baisse de 24 % du recours à ces transports. Cela signifie que beaucoup de ceux qui habitent dans des villages ont renoncé à des soins ou ont emprunté des transports personnels.

Et maintenant, le député Bur sort le grand mot : déficit. Comme si un régime concernant 180 000 personnes qui sont quasiment exclusivement des retraités, pouvait produire des bénéfices ! Et il y va de son couplet : « Le régime général n'a pas à payer pour la mauvaise gestion d'un régime spécial. » Il attaque non pas directement le coût des soins en soi, mais le nombre de personnels - 6 600 - qui font fonctionner le système, donc les centres de santé, les maisons de retraite, les pharmacies. Il y a en particulier 1 460 aides à domicile. Il recommande donc de réduire les effectifs en ne renouvelant pas les départs à la retraite et de supprimer le statut particulier de ceux qui restent - quitte à les indemniser au niveau des salaires et du droit à la retraite. Mais tout cela passe sous silence le fait qu'aussi bien ces personnels que leurs administrés étant reversés dans le régime général, où l'aggravation continue des conditions de travail est patente, cela aura forcément des répercussions sur la qualité de l'offre de soins.

Le député préconise donc de supprimer le réseau de pharmacies et d'hôpitaux du régime. Et il va même jusqu'à recommander de renoncer à construire à Freyming-Merlebach, en Moselle, le nouvel hôpital qui devait regrouper les soins pour l'ensemble de la population sur le Bassin lorrain. Cela ne fait pas trop l'affaire de ses camarades élus de la majorité de la région, qui avaient voté pour cette construction et se trouvent obligés de se joindre au concert de protestations qui se sont élevées à la publication de ce rapport !

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