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- Lutte ouvrière n°2215
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Leur société
Les voeux de Sarkozy à l'Outre-mer : Bonheur et prospérité au patronat
Après la Réunion en 2010, c'est aux Antilles que Sarkozy est allé cette année « présenter ses voeux à l'Outre-mer » ; des voeux qui, il va sans dire, étaient essentiellement adressés au patronat.
Le président a commencé par exprimer sa solidarité aux Bekés de Guadeloupe et de Martinique qui auraient été « particulièrement meurtris » par « la situation de blocage qui a paralysé tout le territoire », c'est-à-dire la grève générale aux Antilles de janvier et février 2009. À ceux-ci il a rappelé qu'ils pouvaient compter sur « l'autorité de l'État ». En la circonstance, par le biais de sa police et de sa justice, l'État français a su montrer, pendant et après les grèves et les manifestations de 2009 jusqu'où il était prêt à aller pour défendre les intérêts patronaux. Plusieurs militants syndicaux de Guadeloupe et de Martinique ont été traînés devant les tribunaux sur plainte des Bekés, en l'occurrence de Jean-François Hayot.
Sarkozy a également évoqué une « année 2010 difficile et dense pour les Outre-mer ». « Difficile » pour les milliers de travailleurs qui ont perdu leur emploi, comme à la Réunion dans le BTP, le commerce ou l'automobile. Mais « dense » pour les patrons de l'Outre-mer, telles les entreprises réunionnaises SBTPC, filiale du groupe Vinci ou la Société Réunionnaise des Produits Pétroliers qui ont engrangé des millions d'euros leur permettant de passer une année 2010 en toute quiétude.
C'est bien un discours de classe qu'a tenu Sarkozy. Pour les uns, pour le patronat, il trouve normal d'octroyer chaque année des millions d'euros par le biais de lois taillées sur mesure, comme la Lodeom (Loi d'orientation pour le développement économique de l'Outre-mer), qui entre autres permet aux patrons de ne pratiquement plus payer d'impôts ni de cotisations sociales, ou bien comme la loi sur la défiscalisation qui « demeure l'outil primordial au développement économique de l'Outre-mer ». « Je la protégerai parce que j'y crois », a souligné Sarkozy à la satisfaction de tous ceux qui peuvent ainsi échapper à l'impôt.
En revanche, vis-à-vis des travailleurs et de la population pauvre le discours était tout autre. Eux ont été montrés du doigt, menacés même parce que vivant trop dans « l'assistance ». Sarkozy et les siens aiment railler ceux qui n'ont d'autres ressources que de maigres allocations chichement distribuées parce que le patronat, l'État et toutes les grandes collectivités territoriales sont dans l'incapacité de donner du travail à tous les bras disponibles. Mais ils sont nombreux aujourd'hui et savent parfois montrer leur force.
C'est peut-être pour cela que Sarkozy a aussi parlé de la Guadeloupe comme étant « une terre de tumulte » ; un tumulte qui devra à nouveau se faire entendre, venant des Antilles, des quatre coins du monde sous domination de la bourgeoisie française et bien sûr des travailleurs de France.