États-Unis - Assassinats dans l'Arizona : Le développement de la violence de l'extrême droite12/01/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/01/une-2215.gif.445x577_q85_box-0%2C10%2C169%2C230_crop_detail.png

Dans le monde

États-Unis - Assassinats dans l'Arizona : Le développement de la violence de l'extrême droite

L'article ci-dessous est la traduction d'un article paru dans The Spark, le bimensuel de l'organisation trotskiste américaine du même nom.

La police a accusé un jeune homme de 22 ans, Jared Lee Loughner, d'avoir tiré sur la députée Gabrielle Giffords sur le parking d'un supermarché de Tucson, dans l'Arizona, et de l'avoir touchée à la tête. Il aurait ensuite tiré sur l'entourage de la députée en tuant six personnes, dont un juge fédéral et une fillette de neuf ans, et en en blessant une douzaine d'autres. Quelques heures après la tuerie, la police a déclaré que Loughner n'avait probablement pas agi seul et qu'elle était à la recherche d'un deuxième homme.

Loughner peut être un déséquilibré comme la presse le rapporte. Mais la fusillade n'est pas seulement le produit d'un cerveau malade. C'est un produit du désastre engendré par le capitalisme, et de la propagande raciste et d'une grande violence de la droite fanatique.

L'Arizona a l'un des taux de saisies immobilières les plus élevés du pays ainsi qu'un taux de chômage qui grimpe en flèche. L'extrême droite s'est nourrie de la colère et du désespoir engendrés par la crise et a tenté de les détourner contre des gens qui sont parmi ses principales victimes. De hauts dirigeants Républicains, à commencer par la gouverneure de l'État, Jan Brewer et le sherif de Phoenix, Joe Arcapaio, ont cherché à tirer profit de ce sentiment d'extrême droite grandissant. Jan Brewer a été à l'initiative de la loi raciste passée l'an dernier en Arizona qui décrit le profil et les caractéristiques physiques de l'immigrant prétendument illégal qui doit être poursuivi. Quant à Arcapaio, il a créé des camps d'internement au milieu du désert pour les immigrants « illégaux ».

Décrivant l'atmosphère politique dans laquelle a eu lieu la fusillade, le shérif du comté de Pima, Clarence Dupnik, a résumé le problème avec bon sens : « Observez des déséquilibrés et la façon dont ils réagissent au vitriol vomi par ceux qui parlent d'abattre le gouvernement. La colère, la haine, le fanatisme qui existent dans ce pays sont en train de devenir monstrueux. Et, malheureusement, je pense que l'Arizona en est devenu la capitale. Nous sommes devenus la Mecque des préjugés et du fanatisme. »

En réalité la montée des préjugés et du fanatisme, qui s'accompagnent de plus en plus souvent de violences, est loin de se limiter à l'Arizona. On ne peut pas non plus blâmer seulement l'extrême droite du Parti Républicain et le Tea Party. Les Démocrates sont loin d'êtres irréprochables même s'ils se prétendent amis des syndicats, des droits des femmes, des droits des immigrants. Après tout, l'administration Obama a expulsé plus d'immigrants que l'administration Bush ne l'avait fait.

Gabrielle Giffords a sans doute été une Démocrate ordinaire, modérée, en faveur par exemple des réductions dans les dépenses sociales. Mais elle s'est aussi dressée contre certains des comportements les plus fanatiques de l'extrême droite. Elle s'est opposée avec acharnement à la récente loi d'Arizona contre les immigrés et elle a soutenu sans relâche les droits des femmes à l'IVG.

Ces prises de position ont fait d'elle une cible pour les semblables de Sarah Palin. Mais de plus, Giffords l'a emporté en novembre dernier lors d'un défi électoral lancé par le Tea Party en battant Jesse Kelly, un ancien Marine qui se présentait sur son site en tenue de combat complète, son fusil automatique à la main.

La dégradation des conditions de vie est le terreau sur lequel grandissent le désespoir et la colère. Elle est due aux attaques non seulement du gouvernement dirigé à la fois par les Démocrates et les Républicains mais aussi du grand patronat dont ils défendent les intérêts.

La violence économique et la violence politique grandissent et sont liées l'une à l'autre. Et au bout du compte, la classe ouvrière en sera la cible principale. Dans ce climat, les travailleurs ont plus que jamais besoin de leur propre parti. Ce parti n'existe pas encore mais il est vital de le construire.

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