Camaïeu - Roubaix : Des travailleurs en colère, grève pour les salaires et l'emploi12/01/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/01/une-2215.gif.445x577_q85_box-0%2C10%2C169%2C230_crop_detail.png

Dans les entreprises

Camaïeu - Roubaix : Des travailleurs en colère, grève pour les salaires et l'emploi

Plusieurs dizaines de salariés de l'entrepôt de Camaïeu, à Roubaix, sont en grève depuis mardi 5 janvier au matin. C'est à l'entrepôt que sont préparées les livraisons pour les magasins de mode du même nom implantés partout en France et même en Europe, regroupant environ 4 000 salariés.

La grève a été déclenchée le jour où la direction voulait organiser un repas « amélioré » pour présenter ses projets. Des travailleurs en colère ont bloqué le camion du traiteur et en même temps les autres camions qui devaient partir chargés vers les magasins pour les soldes, et la grève a commencé. Les revendications :150 euros d'augmentation de salaire et 50 embauches à l'entrepôt où il n'y a que 90 CDI pour environ 200 intérimaires en permanence, et 100 embauches dans les magasins.

À Camaïeu, les salaires sont bas. Après seize ans d'ancienneté un ouvrier gagne 1 134 euros. Les conditions de travail sont très pénibles, ce qui entraîne un turn-over très important. Ces salaires de misère contrastent trop avec la richesse accumulée par les actionnaires et l'ancien PDG.

L'entreprise appartient à un fonds d'investissement. Les actionnaires se sont partagé la somme rondelette de 50 millions d'euros en pleine crise, l'an dernier ! L'ex-PDG, Duprez, est parti en retraite en 2008, empochant à lui tout seul la somme de 23 millions d'euros, produit de la transformation de ses stock-options, et il gagne encore 100 000 euros par an « pour donner des conseils à l'entreprise ! » Alors la colère couvait depuis longtemps, d'autant plus qu'il n'y a pas eu de primes de fin d'année 2010.

Il y avait déjà eu deux débrayages juste avant les fêtes, et le blocage des camions au moment des soldes n'a pas du tout plu à la direction. Aussitôt, elle a envoyé un huissier et fait assigner plusieurs grévistes du piquet. Les juges ont donné raison à la direction, condamnant les salariés assignés à une astreinte de 50 euros par jour s'ils continuaient à bloquer. Les grévistes ont tenu bon, et mardi 11 janvier il y avait toujours un piquet devant l'entreprise. Le PDG, qui n'avait pas daigné jusque-là se montrer, est arrivé « pour discuter ». Et surtout, lundi 10 janvier, il y a eu un débrayage de soutien des employés de bureau qui a remonté le moral de tout le monde.

La direction menace de licencier dix salariés, dont six délégués, et espère faire reprendre le travail contre une annulation des sanctions. Mais les travailleurs n'entendent pas abandonner leurs revendications et la grève continue.

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