Verrerie Saint-Gobain Glass - Aniche (Nord) : Neuf jours de grève pour des embauches31/12/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/12/une-2213.gif.445x577_q85_box-0%2C8%2C173%2C232_crop_detail.png

Dans les entreprises

Verrerie Saint-Gobain Glass - Aniche (Nord) : Neuf jours de grève pour des embauches

Saint-Gobain Glass fabrique du vitrage pour le bâtiment. 192 travailleurs y sont employés en cinq équipes. Verriers, électriciens, maçons, personnels de maintenance travaillent au rythme des coulées des fours, dans des conditions difficiles, passant du très chaud des fours au très froid de l'extérieur.

La dernière grève dans cette entreprise datait de 2000. Il s'agissait à l'époque de l'accord sur les 35 heures. Cette fois, c'est pour réclamer des embauches que la quasi-totalité des salariés s'est mise en grève. Un accord AFC (Accompagnement de Fin de Carrière) de septembre 2009 prévoyait le départ des ouvriers de plus de 58 ans et demi et leur remplacement par des embauches.

Malgré les engagements de la direction, il manquait encore trois embauches. En particulier, les maçons n'en pouvaient plus de devoir compenser leur sous-effectif. Ce sont eux qui se sont mis en grève les premiers, vite rejoints par l'ensemble de l'entreprise car tous étaient scandalisés par le refus de discuter de la direction.

Saint-Gobain est un des plus grands groupes mondiaux du verre. Embaucher trois travailleurs de plus ne le mettrait pas sur la paille. Mais c'était apparemment pour le directeur une question de principe : pas question de discuter avec des grévistes. Les ouvriers ont donc bloqué l'entrée de l'usine et empêché jour et nuit l'entrée des camions. Malgré la neige et un froid de canard, il y avait toujours du monde pour garder les tentes, les drapeaux CGT et alimenter le brasier devant la porte de l'usine.

En face, le directeur a tout essayé : le tribunal d'instance de Valenciennes a déclaré le piquet illégal et a condamné six délégués CGT à payer chacun 100 euros d'astreinte par jour, en tant que « personnes responsables du blocage ». Les grévistes, à l'annonce du verdict, ont voté la continuation du piquet à l'unanimité. Le directeur a fait du chantage à l'arrêt des coulées et même du four, ce qui signifierait l'arrêt de l'usine pour longtemps, en prétextant le manque de sable. Il a convoqué le responsable CGT pour un « entretien pouvant déboucher sur un licenciement » en l'accusant d'avoir frappé un cadre, ce qui est totalement faux.

Même si les ouvriers ont accepté de laisser entrer quelques camions pour le maintien en état des fours, c'était toujours en disant que le mouvement ne s'arrêterait pas. Et comme c'était visiblement vrai, un accord est intervenu le 22 décembre, après neuf jours de grève, un accord où la direction s'engage à passer un maçon remplaçant qui était en CDD en CDI, à faire venir un travailleur de maintenance supplémentaire d'une usine Saint-Gobain voisine et à prendre un jeune en contrat de professionnalisation. Pour ce dernier, ce n'est pas encore une embauche, mais il aura au moins un pied dans la place. Et la direction sera sous pression car les travailleurs de l'usine ont montré qu'ils étaient capables de se mobiliser !

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