Comme l'avait fait ses prédécesseurs au ministère de la Défense, Alain Juppé s'est à son tour rendu en Afghanistan pour Noël. Gilet pare-balles et sac à dos, on a pu le voir jouer au petit soldat sur plusieurs bases militaires où stationnent des troupes françaises.

3 850 soldats français sont engagés dans les forces de l'Otan, présentes en Afghanistan depuis neuf ans, et 52 ont été tués. À en croire le gouvernement français, la « mission » de la France serait de pacifier le pays en aidant à la création d'une armée afghane censée se situer au-dessus des rivalités des chefs tribaux, et en apportant les bienfaits de la civilisation. Juppé l'a redit : l'armée française est là pour faire « des actions militaires, mais aussi des actions de développement au service des Afghans », pour lutter « contre le fanatisme et l'obscurantisme » et « réussir la transition » prévue pour 2014, date à laquelle le gouvernement Karzaï n'aurait en principe plus besoin du soutien occidental.

Dans la réalité, l'intervention des troupes de l'Otan a ajouté la guerre, la mort de civils et la désolation aux maux du pays. Elle a approfondi la misère de la population, renforcé le pouvoir des chefs tribaux ou des Talibans, donné de la vigueur aux préjugés religieux. Selon un rapport publié cet été par le ministère français des Affaires étrangères, la population vit dans la crainte des attentats qui se multiplient, la production d'opium et le narco-trafic augmentent, les conditions de vie se détériorent. Quant aux soldats afghans formés par les occidentaux, les deux tiers désertent l'armée dite régulière au bout de quelques mois.

En Afghanistan, les troupes françaises sont, comme les autres forces de l'Otan, une armée d'occupation. À ce titre, elles ne pourront jamais apporter ni la paix ni le bien-être au peuple afghan. Elles doivent être retirées sans délai !