Les villes d'Allemagne terminent l'année 2010 avec des budgets en crise. Leur déficit annuel atteint la somme colossale de 11 milliards d´euros, soit le pire déficit depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, l'endettement cumulé atteint 1 700 milliards. C´est ce que vient de publier l'association des villes d'Allemagne.

Dans un Land comme celui de Rhénanie du Nord-Westphalie, le plus peuplé d'Allemagne mais aussi le plus industrialisé, un tiers des communes sont incapables de boucler leur budget et sont passées sous tutelle. Conséquence, de nombreuses villes augmentent les tarifs des services municipaux, réduisent les emplois publics, ferment bibliothèque, piscines, théâtres ou cinémas, suppriment des navettes de bus ou encore réduisent l'éclairage public.

Le budget des communes est alimenté majoritairement par un ensemble d'impôts et de taxes. Mais si ces rentrées, en raison de la crise économique, sont en baisse, cela n'explique pas tout. D'ailleurs cette année, la taxe professionnelle qui, il est vrai, est en chute libre depuis plusieurs années, a rapporté plus que l'an dernier.

En réalité, les communes doivent faire face à une explosion de leurs budgets sociaux, conséquence de l'appauvrissement d'une grande partie de la population. Ces dépenses, qui représentent 42 milliards d'euros cette année, ont doublé en vingt ans, notamment en raison des allocations diverses pour les chômeurs de plus en plus nombreux ou des retraités dont les pensions s'effondrent.

Le président de l'association des villes d´Allemagne, Stephan Articus, a confirmé que cette spirale de la dette n'était pas prête de s'arrêter, les villes en déficit utilisant de plus en plus le crédit à court terme pour financer leurs tâches habituelles. Ce qui avant était un recours exceptionnel pour pallier une difficulté inattendue est devenu une pratique courante.

Les politiciens berlinois peuvent claironner que la situation économique s'améliore, l'oil rivé sur les profits en hausse des banquiers et des industriels. Mais en laissant ainsi pourrir les budgets des communes allemandes, notamment les communes ouvrières, ils montrent bien à quel point ils se désintéressent du sort de la population.