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Dans les entreprises
Martine Aubry à Calais : Un Meccano pour financer les patrons
Jeudi 16 décembre, Martine Aubry s'est rendue à l'usine de jouets Meccano de Calais, accompagnée d'une quarantaine de journalistes.
Cette usine, plus que centenaire, a connu en 1999 un plan de licenciements de 82 personnes sur 222 à l'effectif, et un plan de 45 « départs volontaires » en 2005. Aubry s'est félicitée que le président de Meccano ait modernisé l'entreprise et rapatrié 20 % de sa production chinoise. Mais le président de Meccano ne le fait évidemment pas par souci de charité à l'égard des travailleurs de Calais. Il explique que l'euro est cher, que les bateaux ralentissent pour économiser du pétrole hors de prix et qu'il faut se rapprocher des clients. Bien sûr, le coût horaire en France est plus élevé qu'en Chine, mais, comme les 76 travailleurs de Calais vont produire plus, sans création d'emplois, le patron a de quoi se réjouir !
De même un mois plus tôt, le 18 novembre à Lille, Martine Aubry était présente pour l'inauguration du « b'Twin Village » d'Oxylane (groupe Décathlon), spécialisé dans la fabrication et la distribution de cycles et installé dans les locaux de l'ancienne usine de tabac Altadis (ex-Seita), fermée depuis 2005, avec 456 suppressions d'emplois.
Oxylane aurait, à ce jour, embauché environ 200 personnes, avec une grande flexibilité des horaires de travail. Décathlon est célèbre pour ses produits « made in China ». Martine Aubry a salué une politique de relocalisation d'entreprises françaises et s'est enflammée sur « le génie industriel français ». Bien entendu, pour son installation, Décathlon a bénéficié de nombreuses aides publiques, alors qu'il fait partie du groupe Auchan dont le patron, Mulliez, est en 2010 la deuxième fortune de France, avec un patrimoine de 19 milliards d'euros !
À Calais, attaquant Estrosi, l'ancien ministre de l'Industrie de Sarkozy, Martine Aubry s'est émue qu'il n'y ait plus de « politique industrielle » ! Mais la politique qu'elle propose ne s'adresse pas aux travailleurs. Il ne s'agit pas de garantir les emplois, les salaires, ni de combattre la précarité et de supprimer le chômage, mais d'abord de subventionner les entreprises par des aides publiques pour les aider à accroître leurs profits, en espérant qu'en contrepartie elles créent des emplois.
C'est toujours la même vieille recette utilisée depuis des années par tous les gouvernements, de droite et de gauche. Elle a permis au patronat d'encaisser des dizaines de milliards de subventions publiques en tout genre, tout en continuant justement à supprimer des centaines de milliers d'emplois.