Italie : Berlusconi obtient la confiance au Parlement mais pas dans la rue22/12/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/12/une-2212.gif.445x577_q85_box-0%2C7%2C174%2C233_crop_detail.png

Dans le monde

Italie : Berlusconi obtient la confiance au Parlement mais pas dans la rue

La date du 14 décembre et le vote sur la confiance à Berlusconi qui devait avoir lieu à la Chambre des députés italienne étaient attendus depuis des semaines. Ce jour-là, l'opposition parlementaire au magnat de la télévision et de la presse qui gouverne le pays espérait bien que celui-ci devrait constater l'absence de majorité. Mais il n'en a rien été : Berlusconi est sorti vainqueur du vote de confiance, avec trois voix de majorité, obtenues apparemment en débauchant un certain nombre de députés avec quelques arguments matériels à l'appui.

Heureusement, ce même 14 décembre, c'est dans les rues de Rome qu'on manifestait. Des dizaines de milliers d'étudiants et de travailleurs précaires ont commencé à défiler, arrivant au début de l'après-midi aux alentours de l'Assemblée. La nouvelle du vote de confiance à Berlusconi a déchaîné la colère. On a vu des vitrines brisées, des charges de la police, des lancers de pierres, des autos incendiées, des dizaines de blessés et naturellement d'arrestations. Les commentaires qui ont suivi ont été bien sûr pour condamner la violence « inadmissible ». Les représentants du gouvernement ont lancé une véritable campagne contre celle-ci, accusant carrément les manifestants étudiants d'avoir des « assassins » parmi eux.

Qu'il y ait eu des provocations est possible, comme toujours, mais il s'agit d'autre chose : ce qui s'est exprimé est l'exaspération sociale d'une couche toujours plus large de la jeunesse qui ne voit se profiler rien de bon pour son avenir. Et il n'y a pas à s'étonner si, après avoir été pris pendant des années pour des imbéciles, alors que tout témoigne de l'énorme injustice sociale qu'ils subissent, des reportages sur le marché des produits de luxe qui n'a pas connu de crise aux informations sur les fabuleuses évasions fiscales de grands patrons du type de Dolce et Gabbana, après avoir constaté de toutes les façons et à toutes les sauces l'arrogance des riches, à commencer par celle du chef du gouvernement, ces jeunes ne sont nullement émus à la vue d'une boutique de luxe réduite en morceaux ou d'un distributeur de billets fracassé.

Leur avenir, leurs projets de vie valent bien mieux que cela mais ils avortent bien avant de naître, sans que pour ce crime on verse le millième des larmes qui coulent sur le sort d'une boutique de luxe de Rome. Les jeunes qui ont manifesté - et qui devaient manifester de nouveau mercredi 22 décembre - ont ainsi remis les choses dans leur ordre d'importance véritable et ils méritent pour cela de ne pas rester seuls.

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