Le Journal du dimanche du 19 décembre a rendu publique l'enquête qu'il a faite auprès des plus grandes entreprises du pays en leur demandant de répondre à la question : combien d'impôt sur les sociétés payez-vous ?

D'entrée de jeu, dix-sept d'entre elles, qui occupent le haut du tableau en matière de milliards de bénéfices annoncés, ont refusé de répondre. Parmi elles, celles les mieux classées : LVMH de Bernard Arnaud, PPR de François Pinault, et L'Oréal de la famille Bettencourt. Mais on trouve également les banques BNP, Crédit Agricole, Société Générale, qui ont récemment reçu un bon paquet de milliards de l'État.

Malgré tout, 18 groupes ont accepté de répondre. Et là, surprise. Sept grands trusts ont reconnu avoir payé zéro euro en France au titre de l'impôt sur les sociétés pour le dernier exercice fiscal. Parmi ces dispensés d'impôts, on trouve la plus riche des sociétés du pays, Total, avec ses 8,62 milliards d'euros de bénéfices déclarés. Ou encore Danone, propriété de la famille Riboud, qui affiche 1,5 milliard de bénéfices. Suivent ArcelorMittal, Suez Environnement, Schneider, Saint-Gobain et Essilor. Quant aux autres groupes capitalistes, aucun ne paye le plafond théorique de l'imposition sur les bénéfices des sociétés.

Ce qui prête à sourire, ce sont les protestations des dirigeants de PME, souvent filiales des mêmes grands groupes ou sous leur coupe. Ils se plaignent que les entreprises les plus riches du pays cotées en Bourse, celles du CAC 40, ne seraient taxées qu'à 8 %, au lieu de 22 % pour ces PME. Rappelons que la règle officielle est une taxation à 33 % des bénéfices déclarés, qui sont déjà largement allégés par toute une série de combines. Les salariés, les retraités, même les smicards doivent, eux, payer rubis sur l'ongle au taux officiel... pour compenser les cadeaux faits aux riches !