Espagne : Après la grève des contrôleurs aériens, le coup de force du gouvernement ne paralysera pas les luttes15/12/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/12/une-2211.gif.445x577_q85_box-0%2C8%2C172%2C231_crop_detail.png

Dans le monde

Espagne : Après la grève des contrôleurs aériens, le coup de force du gouvernement ne paralysera pas les luttes

La grève des contrôleurs aériens de Séville, qui le vendredi 3 décembre a bloqué l'espace aérien espagnol pendant 16 heures, continue d'être au centre des débats politiques en Espagne. Les représentants de la droite comme ceux de la gauche, au fil des débats télévisés, n'en finissent pas de tirer à boulets rouges sur cette grève, qui aurait pris en otage les passagers, les compagnies aériennes et les tour-opérateurs.

Et tous d'approuver la décision de Zapatero et du gouvernement de militariser l'espace aérien, oubliant de dire que les contrôleurs aériens militaires s'étaient montrés bien incapables de remplacer leurs homologues civils.

À quelques jours des actions organisées par les syndicats, qui doivent aboutir samedi 18 décembre à une journée de manifestations à l'échelle nationale, le gouvernement du socialiste Zapatero essaie de casser la solidarité entre les travailleurs du secteur public et ceux du secteur privé. Mais depuis des années, c'est le monde du travail qui subit les attaques du grand patronat et du gouvernement à son service. L'augmentation du chômage touche 20 % des travailleurs, soit plus de 4,11 millions d'entre eux, dont 2 millions ne perçoivent plus aucune indemnisation. Les salaires ont diminué globalement de 2,4 % et de 5 % en moyenne pour les fonctionnaires. La précarité touche environ 60 % des travailleurs. Or pendant ce temps les bénéfices du grand patronat et du secteur bancaire continuent d'augmenter, de quelque 7 % pour l'année.

Aujourd'hui, c'est aux plus pauvres et aux plus démunis que Zapatero a choisi de s'en prendre. Il menace de supprimer l'allocation de 426 euros que touchaient jusqu'à présent les chômeurs en fin de droits. Quant à son projet de reporter l'âge de la retraite à 67 ans, tout le monde sait que cette réforme se traduira par une baisse des pensions et condamnera des millions de personnes âgées au dénuement.

Voilà donc ce que prétendent imposer les groupes industriels, les banquiers et les politiciens à leur service, ceux du Parti Socialiste, ceux du parti de droite, le Parti Populaire (PP), tout comme les dirigeants nationalistes de Catalogne ou d'autres régions du pays.

Il y a deux mois, le 29 septembre, la journée de grève générale appelée par les syndicats avait été un succès. Des mouvements de grève dans le métro de Madrid, dans les transports et l'aviation civile avaient eu lieu dans diverses villes. Dans le métro de Madrid, des travailleurs avaient violé les réglementations du service minimum et les obligations de préavis. C'est pour avertir les travailleurs qu'il ne veut rien céder que le gouvernement a décrété « l'état d'alarme » contre les contrôleurs aériens, en les menaçant de sanctions et de représailles judiciaires.

Zapatero voudrait intimider les militants et espère décourager le monde du travail de réagir. Mais les mouvements de ces derniers mois, où les travailleurs ont commencé à relever la tête, ne sont qu'un début. Espérons-le.

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