En mars 2010, environ 2 000 travailleurs d'Arc International se sont mis en grève pendant trois jours, alors que le personnel comme la population locale disaient qu'« il n'y aura jamais de grève chez Durand » (la famille propriétaire).

Ils avaient manifesté nombreux en criant leur ras-le-bol des milliers de suppressions d'emplois et des délocalisations, des centaines de mutations et des emplois externalisés, des salaires qui dégringolent et des primes minables, et leur ras-le-bol aussi des mensonges de la direction, des gros salaires des directeurs et de la fortune de Durand. Les travailleurs ont obtenu une petite prime, autour de 150 à 200 euros, mais étaient surtout fiers d'avoir fait grève.

LA CASSE DE L'EMPLOI

Depuis 2002, la famille Durand et Cie a supprimé près de la moitié des effectifs et la Cristallerie d'Arques est passée de 12 000 à 6 500 salariés actifs aujourd'hui. Elle a externalisé des ateliers entiers et ainsi plusieurs centaines de travailleurs ne font plus partie de l'effectif. Depuis 2005, plus de 2 000 travailleurs sont partis en préretraite maison, à partir de 55 ans. Des centaines de salariés ont quitté l'entreprise avec des primes de départ volontaire.

Et pour tous ceux qui travaillent encore dans l'entreprise, les salaires sont à la baisse, les conditions de travail continuent de se dégrader et la précarité s'installe. En ce moment, il y a 250 travailleurs intérimaires dans les ateliers, alors qu'il n'y a pas si longtemps il n'y en avait aucun !

Pour nous accompagner vers la sortie de l'usine, la direction a organisé de nombreux forums, un sur l'emploi, un autre sur la formation et le dernier en date, le forum de l'entrepreneur ! La direction veut nous encourager à nous « mettre à notre compte »... Comme si tous allaient se mettre à acheter des baraques à frites, à vendre des pizzas, à faire du toilettage pour chiens ou à planter des vignes dans le marais !

MENSONGES, FORTUNE ET COMPTES ENCORE PLUS OPAQUES

Pour justifier tous ses mauvais coups contre les travailleurs, la direction invoque la faiblesse des ventes et la nécessité de baisser les coûts de production pour faire face à la concurrence. Mais le groupe Arc International réalise un chiffre d'affaires de plus de 1,2 milliard d'euros et fait des bénéfices, même s'ils ont baissé par rapport à quelques années en arrière. Le groupe s'est en plus beaucoup désendetté. La famille Durand continue de s'enrichir et figure au hit-parade des grosses fortunes de France.

Le patron veut changer le statut juridique de l'entreprise. Toute la production, dont les usines d'Arques, toute la distribution et le négoce en France sont regroupés dans une seule société, Arc International France, AIF, qui deviendrait une filiale du groupe Arc International. La direction va maintenant jouer sur l'existence de ces deux sociétés, faire circuler de l'argent entre elles, utiliser des combines comptables et fiscales pour augmenter encore la part des actionnaires ! Et le patron pourra expliquer, avec des chiffres manipulés, que nous ne sommes pas assez rentables.

Dans les médias, la direction prétend qu'elle se bat pour « sauver le site ». Mais ce genre de discours ne passe plus et met beaucoup de travailleurs en colère.