SNCF : Après la grève contre la réforme des retraites, la direction voudrait sa revanche08/12/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/12/une-2210.gif.445x577_q85_box-0%2C14%2C164%2C226_crop_detail.png

Dans les entreprises

SNCF : Après la grève contre la réforme des retraites, la direction voudrait sa revanche

Dans plusieurs secteurs de la SNCF, des cheminots ont eu la surprise de recevoir des « demandes d'explication » sur ce qu'ils auraient fait durant les journées de grève et de manifestations qui ont marqué le mouvement d'octobre-novembre contre la réforme des retraites.

Ces demandes d'explication, auxquelles les cheminots doivent répondre, constituent à la SNCF le préalable à une éventuelle sanction qui peut aller de l'avertissement jusqu'à la révocation, c'est-à-dire le licenciement. Autant dire que ces demandes d'explication pour faits de grève ont été très mal reçues par les cheminots, par ceux qui étaient directement concernés mais aussi par tous ceux qui ont participé au mouvement et qui considèrent à juste titre qu'il s'agit là d'une basse revanche à l'égard de l'ensemble des grévistes, de la part de la direction SNCF.

Par exemple sur la région de Dijon, un agent de conduite serait menacé d'une mise à pied (avec sursis) sous prétexte qu'il n'aurait pas respecté la procédure pour se mettre en grève. En effet nombre de cheminots sont tenus de déposer une « déclaration individuelle d'intention » de se mettre en grève au jour et à l'heure dite. Or ce cheminot de Dijon se serait mis en grève le surlendemain, et non le lendemain comme il aurait dû le faire selon sa déclaration individuelle.

Autre exemple- : sur l'atelier du TGV Atlantique de Châtillon, dans la banlieue parisienne, il est reproché à 25 cheminots d'avoir « entravé la circulation des trains », avec en conclusion de la demande d'explication un rappel de la loi du 18 juillet 1845, « toujours en vigueur et consolidée au 10 décembre 2009 », est-il précisé, indiquant que les coupables sont passibles de six mois de prison et de 3 700 euros d'amende ! L'effet a été immédiat : après la surprise et l'incrédulité, c'est la colère qui est montée chez le plus grand nombre, d'autant plus qu'au même moment la direction retirait d'un seul coup tous les jours de grève sur les feuilles de paie.

Ailleurs en région parisienne, sur Paris-Austerlitz, une autre vingtaine de demandes d'explication sont tombées, visant aussi bien des agents de conduite que des contrôleurs et des salariés du service commercial, toujours sous prétexte d' « entrave à la libre circulation des trains », comme s'il était possible de faire grève à la SNCF sans d'une façon ou d'une autre gêner leur circulation ! En somme, la direction part en guerre contre l'exercice même du droit de grève, et ce n'est pas admissible.

Selon les directions locales, les menaces de sanction pleuvent plus ou moins. Certaines directions d'établissement tentent de se justifier en expliquant que c'est, « plus haut », la direction générale de la SNCF qui a donné des consignes. Il n'empêche que ce sont elles qui appliquent, qui dressent des listes et donnent des noms de cheminots à sanctionner.

Face à cette politique qui marque la volonté de revanche de la SNCF, la solidarité de tous les cheminots est acquise à ceux qui risquent une sanction. Et la SNCF aurait sûrement fort à faire si jamais elle allait jusqu'à prononcer des sanctions ou à engager des poursuites en justice contre des travailleurs.

Partager