Ghislaine Joachim-Arnaud citée à comparaître : Un procès contre les travailleurs et le peuple martiniquais08/12/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/12/une-2210.gif.445x577_q85_box-0%2C14%2C164%2C226_crop_detail.png

Leur société

Ghislaine Joachim-Arnaud citée à comparaître : Un procès contre les travailleurs et le peuple martiniquais

Le Comité de soutien à Ghislaine Joachim-Arnaud a tenu une conférence de presse lundi 6 décembre à la Bourse du travail de Paris.

Ghislaine, secrétaire générale de la CGTM (Martinique), membre de la direction de Combat Ouvrier et l'une des dirigeantes du K5F, collectif à l'origine de la grève de février-mars 2009 en Martinique, est citée à comparaître par le procureur de la République de Fort-de-France, le 15 décembre, sur plainte d'un certain Jean-François Hayot au nom de l'association « Respect DOM ». Il lui reproche d'avoir repris, lors d'une émission diffusée par la chaîne publique ATV, le slogan lancé par des dizaines de milliers de manifestants lors de la grève de 2009 : « Matinik sé ta nou ; an band béké, profitè, volè ; nou ké fouté yo déwò ! Komba ta la fok nou kontinié » (La Martinique est à nous ; une bande de béké profiteurs, voleurs ; on va les foutre dehors ! Ce combat-là, nous devons le continuer »). Elle aurait ainsi, selon ses accusateurs, « provoqué à la discrimination, à la haine ou à la violence à l'égard d'un groupe de personnes, en l'occurrence les békés ».

C'est un comble que le lobby béké ose attaquer pour racisme la dirigeante de la CGTM ! Rappelant que les békés, descendants des propriétaires esclavagistes, sont toujours les maîtres de l'économie de la Martinique, Ghislaine a affirmé que des milliers de manifestants les avaient tout naturellement pris pour cible, en tant qu'incarnation du patronat, ajoutant d'ailleurs que le terme béké est devenu, dans le langage populaire, synonyme de patron. Ne retirant rien à ce qu'elle avait dit et écrit, elle a réaffirmé qu'il fallait en finir avec le régime capitaliste et continuer le combat pour mettre ces gens-là dehors, c'est-à-dire hors de l'économie de l'île.

À la tribune, outre Ghislaine et Max Céleste, représentant de Combat Ouvrier et mandaté par le LKP, avaient pris place Arlette Laguiller, Olivier Besancenot, Me Marie-Laure Dufresne-Castets, membre du collectif d'avocats assurant la défense de Ghislaine, et un représentant de la confédération syndicale CGT venu lui apporter la solidarité personnelle de Bernard Thibault ainsi que le soutien total de la confédération dans ce mauvais procès colonial.

Pour sa part, Arlette Laguiller a rappelé comment un de ces békés, Alain Huyghues Despointes, avait déclaré, il y a peu : « Dans les familles métissées, les enfants sont de couleurs différentes, il n'y a pas d'harmonie. Moi, je ne trouve pas ça bien. Nous les békés, on a voulu préserver la race », ajoutant : « Les historiens ne parlent que des aspects négatifs de l'esclavage, et c'est regrettable. » Et les représentants du lobby béké, dont la richesse a été bâtie sur l'exploitation des esclaves, qui ont continué à s'enrichir sur le dos des salariés, descendants de ces esclaves, osent aujourd'hui se plaindre de « discrimination » !

Aujourd'hui, les capitalistes békés, qui représentent à peine 1 % de la population, possèdent l'essentiel de l'import-export, de la grande distribution et 65 % des terres agricoles de l'île. De ce point de vue, la famille Hayot est un bon exemple, puisque le groupe Bernard Hayot réalise un chiffre d'affaires de plus d'un milliard et demi, principalement dans la distribution alimentaire et non alimentaire, et la distribution automobile. Ce groupe exploite notamment six hypermarchés Carrefour, et la liste de ses participations dans une douzaine de pays ou de DOM-TOM est longue, allant de Michelin à Danone, de Chevrolet à Décathlon, en passant par Audi, Caterpillar et Europcar.

Ces gens-là n'ont pas supporté de voir, durant la grève générale, leurs commerces, leurs affaires, dérangés par des milliers de manifestants d'origine africaine, indienne et même... blanche. Ils cherchent aujourd'hui à se venger en prenant pour cible l'une des principales dirigeantes du mouvement en Martinique.

D'autres militants de la CGTM ont également été convoqués par la police, et Élie Domota, l'un des dirigeants du LKP et de la grève générale de 2009 en Guadeloupe, a subi les mêmes attaques.

Lutte Ouvrière s'associe à la CGTM et invite à envoyer des motions de soutien à Ghislaine Joachim-Arnaud, à signer et à faire circuler les pétitions en sa faveur.

Adresse : Ghislaine Joachim-Arnaud, Maison des syndicats, Fort-de-France, 97200 Martinique.

E mail : gja972@wanadoo.fr ou menendez@wanadoo.fr

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