Compétence (ex-Jabil) Brest : Face aux combines des repreneurs, les travailleurs en grève totale08/12/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/12/une-2210.gif.445x577_q85_box-0%2C14%2C164%2C226_crop_detail.png

Dans les entreprises

Compétence (ex-Jabil) Brest : Face aux combines des repreneurs, les travailleurs en grève totale

Après avoir subi de multiples restructurations et ventes au cours des dernières années, les salariés de l'ex-usine Jabil de Brest, aujourd'hui Compétence, ont décidé depuis le 29 novembre la grève totale jusqu'à l'obtention de garanties quant à leur avenir.

Leur entreprise employait 930 salariés en 2000. Alors propriété du groupe Alcatel, elle produisait des centraux téléphoniques. En 2002, le groupe Jabil a pris la suite en tant que sous-traitant pour le compte d'Alcatel. Mais, au fur et à mesure que les commandes d'Alcatel se sont réduites, Jabil a procédé à des suppressions d'emplois, par vagues successives. Aujourd'hui, l'effectif de l'entreprise n'est plus que de 188 salariés, auxquels s'ajoutent une cinquantaine d'intérimaires.

L'usine travaille encore à 80 % pour Alcatel. Mais les commandes fondent d'année en année. Au point que le groupe Jabil a fini par passer la main, peu soucieux d'engager des fonds pour reconvertir l'entreprise vers une autre activité. Pour ce faire, en juillet 2010, Jabil a vendu les sites de Brest et de Gallargues à Mercatech, fonds d'investissement dont on connaît fort mal l'activité et dont le siège est aux îles Caïman. Qu'à cela ne tienne, lors de cette cession, les promesses n'ont cependant pas manqué. La société, créée pour l'occasion, a pompeusement été baptisée Compétence. À en croire ses fondateurs, la production de centraux téléphoniques pour Alcatel devait céder le pas devant l'assemblage, paraît-il très prometteur, de panneaux photovoltaïques.

Mais, très vite, les travailleurs, ont senti que derrière les tuiles solaires et le développement durable qu'on leur faisait miroiter, c'était la fermeture de l'entreprise qui se profilait à brève échéance. Car depuis sa mise en place, la nouvelle direction s'est contentée de laisser filer. Aucune trace de l'investissement de trois millions d'euros qu'elle avait annoncé. Aucune trace des embauches promises.

La création de Compétence s'est révélée n'être qu'une façade juridique pour que Mercatech puisse pomper ce qui restait de trésorerie dans les anciens sites Jabil. Jusqu'à ce que les banques finissent par refuser toute avance de fonds. Tant et si bien que depuis des semaines, Compétence est pratiquement en cessation de paiement. Et les travailleurs n'ont même pas la garantie de toucher leur salaire en décembre. Entre la France et l'Italie, c'est 1 300 emplois qui sont menacés.

On dit maintenant que les prétendus investisseurs regroupés dans Mercatech se désengageraient du projet, suite à la reculade des banques. Ce qui est sûr, c'est que ni eux, ni les banques n'entendent faire la moindre avance en faveur des fournisseurs et des salariés. Leurs méfaits accomplis, aussi bien Alcatel que Jabil et Mercatech, tous se défilent à qui mieux mieux. À tel point que lors du Comité central d'entreprise qui devait se tenir le 29 novembre, le PDG de Compétence France ne s'est même pas présenté. Il aurait, a-t-on appris, donné sa démission. Tous les rats s'empressent de quitter le navire, laissant les dégâts qu'ils infligent derrière eux.

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