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- Lutte ouvrière n°2208
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Dans le monde
Irlande : Étranglée par le plan de sauvetage... des banques internationales
Le gouvernement irlandais a fini par céder et, sous forte pression, a accepté « l'aide » de l'Union européenne et du FMI. Mais ce qui est présenté comme une aide pour « sauver l'Irlande » est en réalité une aide aux banques, qui va étrangler un peu plus l'État irlandais.
C'est clairement la crise financière qui a déjà mené l'État irlandais au bord du gouffre. En effet l'État lui-même n'était que très peu endetté avant la crise. En 2006 son budget, loin d'être en déficit, était fortement excédentaire, ce qui est une véritable exception. Et c'est pour sauver ses banques, en leur rachetant des dizaines de milliards de titres pourris, que le gouvernement a creusé le déficit budgétaire, jusqu'à atteindre 32 % du PIB cette année, et qu'il a pressuré la population laborieuse.
Mais cela ne suffisait encore pas pour empêcher l'effondrement des banques irlandaises, qui ont continué parallèlement à être perfusées par la Banque centrale européenne. Celle-ci a finalement décidé de fermer le robinet et obligé l'État irlandais à prendre en charge lui-même les besoins des banques. Le gouvernement irlandais a cédé, et l'annonce en a été faite dans le week-end, avant l'ouverture des fameux « marchés financiers ».
Il est donc question de prêter entre 80 et 90 milliards de dollars à l'État irlandais, dont 20 à 40 milliards seraient destinés aux banques et le reste à payer les échéances des emprunts de l'État dues en 2013. C'est certainement une très bonne affaire pour les grandes banques qui étaient largement engagées en Irlande.
Le journal Les Échos rapportait que « le plan d'aide à l'Irlande est en fait, il faut le dire, un plan de soutien aux banques britanniques et allemandes : les premières ont un encours global de 222 milliards de dollars sur ce pays, les secondes de 206 milliards. Ne pas aider l'Irlande, c'eût été faire courir un risque majeur aux banques des deux plus grandes économies européennes. » En effet, selon Les Échos, sur les 222 milliards que les banques britanniques ont placés en Irlande, elles courraient le risque d'en perdre 42,3. Les banques allemandes, elles, auraient 46 milliards de dollars de placements risqués. Quant aux banques américaines ou françaises, elles sont elles aussi intéressées au « sauvetage de l'Irlande », les unes pour 24,6 milliards de dollars, les autres pour 21,1 milliards de dollars ! Sans parler des intérêts financiers suédois, non négligeables, qui expliquent l'empressement de la Suède à « voler au secours de l'Irlande », elle aussi,
Il y a là un véritable gouffre à engloutir les richesses, illustrant le caractère destructeur et parasitaire du capital. C'est encore la population qui va payer cher, très cher, ce sauvetage scandaleux des banques. Le plan d'austérité draconien présenté par le gouvernement irlandais va encore être aggravé sous la pression des prêteurs européens. Toute la population laborieuse va être mise en coupe réglée pour sauver les profits de la grande bourgeoisie européenne.
Ce prêt gigantesque par rapport à la taille du pays - il représente environ la moitié du PIB de l'Irlande -, bien loin d'être une « aide », va étrangler un peu plus l'État irlandais en alourdissant d'autant sa dette. D'ailleurs il paraît que les « marchés financiers », à savoir les grandes banques d'affaires internationales, ne sont qu'à moitié rassurés par le prétendu sauvetage du pays : ils craignent maintenant que l'État irlandais lui-même ait du mal à rembourser ! La spéculation sur la dette irlandaise a de beaux jours devant elle, maintenant que le noud coulant de la dette s'est considérablement resserré sur le pays.