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Dans le monde
Crise alimentaire mondiale : La responsabilité des spéculateurs
L'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) a publié un rapport qui met en évidence l'impact majeur de la spéculation sur la hausse des prix des denrées alimentaires et sur la faim qui touche actuellement un milliard d'êtres humains dans le monde.
Ainsi, la FAO constate qu'entre juillet et septembre les prix du blé ont augmenté de 60 à 80 %, ceux du maïs de 40 % et ceux du riz de 7 %. Et cette tendance n'est pas nouvelle, puisque entre 2005 et 2008 les prix des aliments ont augmenté en moyenne de 83 %, et de 170 % pour le riz.
Les auteurs de cette étude contredisent les propos habituellement tenus pour expliquer la hausse des prix des denrées alimentaires de base, mettant en avant la baisse de la production sous l'effet des dérèglements climatiques ou la hausse de la demande, liée à l'élévation du niveau de vie dans certains pays comme la Chine. Ils affirment en effet qu'« une part significative de la hausse des prix s'explique uniquement par l'émergence d'une bulle spéculative » résultant de « l'entrée sur les marchés de puissants investisseurs institutionnels comme les fonds spéculatifs, fonds de pension et les banques d'investissement ».
Effectivement, les spéculateurs misent sur le gel des exportations de blé décrété par la Russie (troisième producteur mondial) et les mauvaises conditions climatiques ayant touché le Canada et le Pakistan pour faire monter les prix, alors que les récoltes de cette année s'annoncent globalement supérieures à celles des années précédentes et que les stocks de céréales, avec 527 millions de tonnes, atteignent leur plus haut niveau depuis huit ans.
Un autre facteur contribue à l'aggravation de la crise alimentaire mondiale : la mainmise sur les terres arables par les spéculateurs. Ainsi, selon l'un des responsables d'Oxam France, « depuis 2006, 15 à 20 millions d'hectares ont été acquis par des investisseurs étrangers dans les pays du Sud », au détriment des petits cultivateurs locaux et des cultures vivrières qui doivent céder la place à d'immenses propriétés et aux cultures d'exportation.
Résultat : alors que les denrées alimentaires abondent, de l'Asie à l'Afrique un milliard d'hommes, de femmes et d'enfants sont acculés à la famine. Il en faudrait moins pour condamner définitivement l'organisation capitaliste de l'économie mondiale.