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- Lutte ouvrière n°2200
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Dans les entreprises
Total Raffinerie des Flandres - Dunkerque : Selon que vous serez patron ou salarié.
Le 14 septembre 2009, Total arrêtait « provisoirement » le raffinage à la Raffinerie des Flandres de Dunkerque. Le 8 mars 2010, cet arrêt devenait définitif. Le 30 juin, la cour d'appel de Douai considérait que le groupe n'avait pas respecté les procédures d'information et de consultation du comité central d'entreprise. Elle condamnait Total à reprendre le raffinage à Dunkerque dans un délai de quinze jours avec une astreinte de 100 000 euros par jour de retard. Près de trois mois plus tard, qu'en est-il ?
Tout d'abord, le tribunal ne s'est pas chargé lui-même de faire exécuter le jugement. Ce fut aux plaignants, aux travailleurs de Total de le faire. Lorsque, le 19 juillet, la direction de la raffinerie a donné son plan de travaux, il ne comportait pas la reprise du raffinage, mais tous les travaux nécessaires pour transformer la raffinerie en dépôt. Les syndicats Sud et CGT ont donc décidé de le faire constater par huissier.
Trouver un huissier n'a pas été facile. L'un a refusé parce qu'il était lié à Total, un autre a fini par dire qu'il ne pouvait pas. Un troisième a accepté. Ensuite, il a fallu que le tribunal de Douai le charge de constater la non-reprise des opérations de raffinage. Un premier juge, puis son remplaçant étaient en vacances. C'est un troisième juge qui a nommé l'huissier. Mais en septembre, le tribunal de Douai saisi par Total a estimé que cette nomination comportait un vice de forme et l'a donc annulée. Tout est à refaire.
Fillon, et les différents membres du gouvernement répètent qu'ils sont là pour faire respecter la loi, et donc les jugements des tribunaux. Mais ils laissent dire et répéter aux dirigeants de Total qu'il n'est pas question de reprendre le raffinage à Dunkerque, en opposition au jugement de Douai. D'ailleurs, le gouvernement est depuis le début aux côtés de Total, comme de tous les capitalistes qui suppriment des activités ou des emplois.
Tout cela évidemment confirme Total dans son arrogance. Ainsi, le 10 septembre, des membres de la direction sont venus à Dunkerque proposer aux travailleurs et aux organisations syndicales un « accord » : les procédures judiciaires (et donc le jugement de Douai) seraient abandonnées des deux côtés et les travailleurs accepteraient l'arrêt du raffinage et le plan de remplacement des 370 emplois (mutations, création d'un centre de formation, d'un centre d'assistance.) qu'ils refusent depuis des mois ! Enfin une centaine de sous-traitants (sur 450 auparavant) seraient occupés sur le site, le temps de le démanteler ! Le directeur local a ajouté qu'en cas d'application du jugement de reprise de la procédure d'information-consultation, ce plan pourrait ne plus exister.
Les travailleurs ont refusé ce chantage aux licenciements, et le 23 septembre, il y avait 95 % de grévistes parmi les travailleurs postés.
Total a demandé au tribunal de grande instance de Nanterre de juger qu'il avait bien suivi la procédure d'information-consultation du comité d'entreprise, et le verdict devrait tomber le 22 octobre. On verra ce que la justice de Nanterre fait du jugement de Douai. Mais on peut déjà dire que selon la position sociale, de capitalistes ou de salariés, un jugement ne s'applique pas de la même façon.