Alors que Woerth, Fillon et Sarkozy se succèdent pour affirmer que leur réforme vise à assurer la pérennité des ressources des futurs retraités, la réalité est que pour des centaines de milliers d'entre eux, la majorité, le report de deux ans de l'âge de la retraite serait un véritable drame économique.

Car tous ces gouvernants peuvent pérorer sans fin sur « la nécessité d'améliorer le taux d'emploi des seniors », il reste que plus de 60 % de ceux qui arrivent à l'âge de la retraite sont sans emploi. Et souvent depuis longtemps.

Les patrons se débarrassent systématiquement et en premier des travailleurs qui atteignent et dépassent les 50 ans, et même parfois moins. Ces travailleurs ont un triple désavantage pour les patrons. Ils ont un salaire trop élevé à leur goût, ne serait-ce que grâce à l'ancienneté. Ils sont usés prématurément à cause des mauvaises conditions de travail et des horaires inhumains qui leur sont imposés. Et enfin, ils sont moins malléables, ayant une expérience de la vie en entreprise.

Il y a plus d'un million de chômeurs de longue durée, dont la majorité se classent dans cette catégorie des plus anciens. Le résultat c'est que des centaines de milliers d'entre eux passent souvent des années au chômage. Ils se retrouvent alors en fin de droits avec l'allocation spécifique de solidarité, l'ASS, ou l'ex-RMI devenu RSA, d'un montant de 460 euros par mois, c'est-à-dire des revenus qui ne permettent pas de vivre. Ou même ils n'ont plus rien du tout : pour toucher l'ASS « à taux plein », c'est-à-dire les 460 euros, il faut que leur compagne ou compagnon ne touche pas plus de 1 221,20 euros, et entre ce plancher et 1 665,40 euros pour qu'ils puissent toucher une allocation réduite. De même, s'ils se sont retrouvés radiés par Pôle emploi, ils n'ont droit à rien. Aujourd'hui c'est le cas pour tous les salariés n'ayant pas répondu à une convocation, quelle qu'elle soit, une radiation qui est gérée informatiquement et même plus par les agents.

Ce sont donc des centaines de milliers de sans-emploi qui attendent impatiemment de pouvoir être enfin mis à la retraite, pour toucher la pension qui s'y attache, même amputée du fait de longues périodes de chômage. Le recul de deux ans de l'âge de départ à la retraite va donc avoir des conséquences dramatiques pour une bonne partie de ceux qui y arriveront : deux ans de galère ou de misère supplémentaires !

Il y a vraiment de quoi être révolté et se battre avec acharnement pour mettre en échec des plans du gouvernement qui menacent tous les futurs retraités.