IVG, contraception : Un bilan alarmant30/09/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/10/une2200.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

IVG, contraception : Un bilan alarmant

À l'occasion de la journée mondiale de la contraception, les médias ont rappelé que le nombre d'interruptions volontaires de grossesse dépasse, depuis des années, les 200 000 par an ; il a même atteint 237 000 en 2009.

Et encore ne s'agit-il que des IVG réalisées en France, mais un certain nombre de femmes - on l'estime à plusieurs milliers - sont encore obligées de partir à l'étranger, quand elles ont dépassé les délais imposés par la législation française. Mais derrière ce chiffre, on en trouve un autre encore plus inquiétant : le nombre de jeunes filles mineures ayant recours à l'IVG est en augmentation : 15 000 soit 1 500 de plus qu'en 2006.

Un avortement est toujours une épreuve pour une femme, même si elle n'a pas à affronter un médecin moralisateur, même si elle arrive à trouver à temps un centre d'IVG, ce qui avec la « réforme » des hôpitaux et la disparition de ces services « non rentables » devient de plus en plus difficile. Mais pour les adolescentes, c'est un vrai traumatisme et le résultat de la répression et de l'ignorance de la sexualité que des préjugés familiaux, sociaux, religieux font peser sur les jeunes. C'est aussi le résultat du manque d'information que les établissements scolaires devraient pourtant assurer.

Les recommandations ministérielles, les bonnes intentions, les missions officielles ne manquent pas. Un rapport d'octobre 2009 de l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) recommande d'assurer l'accès gratuit des jeunes à la contraception, de donner aux infirmières scolaires davantage de possibilités d'intervenir pour informer les élèves sur la sexualité et pour prescrire les contraceptifs d'urgence (pilule du lendemain) ; il recommande aussi d'organiser et de financer l'approvisionnement des pharmacies scolaires. Mais encore faudrait-il qu'il y ait suffisamment d'infirmières dans les collèges et les lycées et qu'elles disposent de moyens et de temps.

Le docteur Nisand du CHU de Strasbourg et son équipe ont mis en place tout un réseau de personnels de santé qui informent les jeunes, dès le collège, sur la sexualité et sur leurs droits en matière de contraception. Le dispositif Info Ado, créé à leur initiative, permet aux jeunes filles de bénéficier gratuitement et anonymement de la pilule contraceptive, ce qui est impossible ailleurs, sauf dans les centres, de plus en plus rares, de planning familial où les adolescentes ne se risquent pas d'elles-mêmes. En dix ans, les IVG de mineures ont ainsi baissé de moitié en Alsace. Permettre à des jeunes filles d'utiliser un moyen contraceptif gratuit, et sans demander l'autorisation à leurs parents, c'est évidemment efficace.

« Donner la pilule à des gamines de quinze ans, ce n'est pas ménager son électorat » : c'est ainsi que le docteur Nisand explique les réticences des pouvoirs publics à généraliser ce type d'expérience. Sans doute, et quand cela s'ajoute à un démantèlement des services publics, dont ceux de l'éducation et de la santé, ce sont les jeunes qui en subissent les conséquences.

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