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- Lutte ouvrière n°2195
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Leur société
Le gouvernement prêt à saborder la retraite par répartition ? Pas touche aux retraites !
Les capitalistes ne veulent plus payer les retraites des salariés, telle est la réalité qui se cache derrière la réforme préparée par le gouvernement et qui doit être présentée à l'Assemblée nationale début septembre. Prenant prétexte de l'augmentation de l'espérance de vie et tout en jurant qu'il veut sauver le système des retraites par répartition, le gouvernement s'emploie, en fait, à favoriser ce qu'il appelle « l'épargne retraite », un système par lequel les salariés sont tenus d'économiser tout au long de leur vie pour assurer leur retraite. À terme, cette retraite par capitalisation - c'est du moins le vou du gouvernement et des compagnies d'assurances - pourrait représenter la part essentielle des retraites... Pour ceux qui auront les moyens d'épargner suffisamment.
En présentant son projet de réforme, le ministre du Travail, Éric Woerth, s'est déclaré favorable à un renforcement de cette épargne retraite. De façon significative, il a approuvé un amendement soutenu par un groupe de députés UMP qui, reprenant une proposition du Medef, vise à « encourager l'épargne longue avec le Plan d'épargne pour la retraite collectif (Perco) et le Plan d'épargne retraite entreprise (Pere) ». Cet amendement demande aussi que ce système d'épargne retraite soit obligatoire dans les grandes entreprises où existe l'intéressement ou la participation. Les banques et les compagnies d'assurances insistent de leur côté et revendiquent que ce système d'épargne obligatoire soit mis en place dans toutes les entreprises. Cette attitude est dans la logique des capitalistes comme dans celle des banques, des assurances et de toutes les entreprises financières qui lorgnent depuis longtemps sur le pactole que représenterait une telle manne. La possibilité de disposer des sommes épargnées par les salariés et collectées dans des fonds d'épargne, autrement dit ces fameux « fonds de pension », leur conviendrait à merveille ! Cet argent des salariés servirait à spéculer, serait donc soumis aux hasards de la Bourse par des sociétés financières prêtes à en empocher les profits. Et tant pis si les aléas des opérations spéculatives engloutissaient les économies forcées des salariés, comme cela s'est passé aux États-Unis !
Le gouvernement a le culot de proposer aux travailleurs d'épargner alors que la plupart des salaires sont insuffisants pour vivre correctement. Il contribue d'ailleurs directement à encourager les patrons à les tirer vers le bas : plus les salaires sont modiques (1,6 fois le smic), plus les cotisations patronales sont allégées, jusqu'à être totalement supprimées pour les salariés payés au smic. Et tout cela au détriment des ressources de la Sécurité sociale. Dans la réforme des retraites qu'il prévoit, le gouvernement précise explicitement qu'il n'est pas question de toucher aux allégements de cotisations dont le patronat bénéficie. Les efforts, c'est encore et toujours aux mêmes, aux travailleurs, qu'il compte les imposer. Pourtant, ce ne sont pas les trois millions et demi de travailleurs payés au smic (1 343,77 euros brut par mois) ni même l'immense majorité des salariés qui ont la possibilité d'épargner quoi que ce soit pour disposer d'un complément de retraite.
L'ensemble du monde du travail doit refuser ce qui se prépare. De l'argent, il y en a, dans les caisses du patronat ! Pour vivre dignement de son travail et pendant sa retraite, il faudra obtenir non seulement que le gouvernement retire sa réforme sur les retraites, mais aussi des augmentations substantielles des salaires et des embauches massives.